«Rayée», «plus dans les radars», «inexistante», Céline Siès rentre ses épaules et convient : «Je fais partie des oubliés.» La bonne fortune l’a abandonnée, et son ex-employeur également. Comment peut-on délaisser ainsi quelqu’un ? Bien mise pour se rendre chez son avocat, Céline Siès étouffe sa voix, qui répète : «Je ne sais pas.» Déclarée inapte pour invalidité en janvier 2003, laissée à la survie d’une rente d’invalidité de 300 euros un premier temps, 600 euros ensuite, elle est retrouvée par la Poste en 2020 seulement par la grâce d’un «problème informatique». Et officiellement licenciée dix-huit ans plus tard.
Reportage
Au commencement, Céline Siès voulait être dans le secrétariat. Elle étudiait à ce dessein mais l’opportunité d’un entretien pour une place de femme de ménage à l’agence postale de Laxou, ville en périphérie de Nancy où elle vit alors, lui parvient. La Poste est une jolie maison. On peut y gravir les échelons. Qui sait, peut-être finira-t-elle inspectrice. Bientôt, le receveur la prend sous son aile. Elle remplace les tâches ménagères par le tri et le guichet. Céline Siès a 20 ans, des envies de jeune femme, mais les problèmes de santé surviennent. Des cystites à répétition conduisent à l’ablation de sa vessie, les complications s’amoncellent. Sept ans après son embauch