Pendant plus de trois mois, Libération a suivi le procès des viols de Mazan au tribunal judiciaire d’Avignon. Le principal accusé, Dominique Pelicot, est l’architecte d’un système tentaculaire de violences sexuelles sous soumission chimique, dans le cadre duquel il a violé et fait violer celle qui était alors sa femme, Gisèle Pelicot, par des inconnus recrutés en ligne. A ses côtés, 50 coaccusés se sont succédé à la barre de la cour criminelle départementale du Vaucluse. Libération dresse les profils de ces hommes, la plupart poursuivis pour «viol aggravé», avant le verdict prévu d’ici au 20 décembre.
Nom : Paul Grovogui
Age : 31 ans
Profession : ouvrier
Faits : une venue, le 22 mai 2016
Statut : comparaît libre, après 11 mois en détention provisoire pour «viol aggravé»
Peine requise : 10 ans
Verdict : 8 ans d’emprisonnement avec mandat de dépôt.
Paul Grovogui tient à le rappeler. «On n’est pas des monstres, on est des hommes comme vous tous. On avait tous une vie, une vie de famille, on fonctionnait normalement.» Ce père d’un garçon de 6 ans, qu’il élève avec une nouvelle compagne, a reconnu les faits dès l’ouverture du procès. A la barre, il se souvient d’un Dominique Pelicot «tout doux, tout gentil», rencontré sur Coco. Se présentant comme un «couple libertin», il lui dit que «sa femme sera endormie». En réponse au président, Roger Arata, il concède avoir su que des médicaments étaient utilisés sans savoir si Gisèle Pelicot les avait pris elle-même ou non. «J’ai pas eu le consentement de madame, non !» s’emporte-t-il avant de concéder : «Etant jeune [22 ans au moment des faits, ndlr], ce qui n’est pas une excuse, je n’ai pas réfléchi aux conséquences. C’était pour m’amuser.»
Le rendez-vous entre les deux hommes avait été fixé dans la journée pour s’adapter à ses horaires. Dominique Pelicot avait sédaté Gisèle Pelicot au petit-déjeuner. A posteriori, Paul Grovogui s’était confié à des «amis sur le fait qu’il avait pénétré une femme endormie». A l’expert psychiatre, il confie : «Ils m’ont dit que c’était grave.» Fils d’un pasteur et d’une sage-femme, celui qui est arrivé en France à 16 ans depuis la Guinée Conakry évoque un cheminement spirituel. En prison, «l’aumônier m’a dit que c’était un pêché ce qu’on a fait, que le mieux c’était de se repentir, de se confesser. On est des êtres humains». Ouvrier, Paul Grovogui a le projet de rentrer en Guinée pour se former auprès de son père et «devenir pasteur». Montrant une reconnaissance bien fragile des faits, il déplore que leurs «noms aient été salis dans les médias en disant qu’ils sont des violeurs».