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Libération
Coup de filet

«Opération Prison Break» : des perquisitions menées dans plus de 60 prisons françaises contre les «mini-portables»

Une opération policière a été lancée ce mardi 20 mai visant «près de 500 cellules» dans des établissements pénitentiaires à travers tout le territoire, selon le parquet de Paris.
La prison de Condé-sur-Sarthe, février 2025. (Patrick Siccoli/SIPA)
publié le 20 mai 2025 à 12h16

Ils sont à peine plus gros qu’un briquet. Contre les téléphones portables miniatures qui circulent en prison, la justice déploie des moyens de grande envergure. La section de lutte contre la cybercriminalité du parquet de Paris a lancé ce mardi 20 mai l’opération pompeusement appelée «Prison Break», qui s’est traduite sur le terrain par «des perquisitions simultanées dans 66 lieux de détention sur l’ensemble du territoire», précise un communiqué de la procureure de Paris transmis à Libération.

Au total, «des autorisations ont été délivrées pour les perquisitions de près de 500 cellules». Le but de cette opération : saisir «les téléphones miniatures mis en circulation par une société chinoise et revendus en France par le fournisseur OPORTIK». Ces appareils sont vendus à partir d’une vingtaine d’euros.

Selon le parquet de Paris, qui confirme des informations révélées par France Info, certains de ces téléphones, «paramétrés de façon spécifique» et «vendus comme indétectables aux portiques d’entrée dans les lieux de détention», ont pu être «utilisés pour commettre, depuis la détention, les infractions de trafic de stupéfiants, d’escroqueries, de dégradation de commerce par incendie, de tentatives de meurtre commanditées». Les utilisateurs de ces téléphones ont été identifiés notamment grâce au Service national de renseignement pénitentiaire, est-il précisé dans le communiqué.

Par ailleurs, toujours dans le cadre de cette opération «Prison Break» - qui est également le nom d’une série américain narrant l’histoire d’un détenu qui tente par tous les moyens de s’évader de prison - «le nom de domaine de la société OPORTIK a été saisi», renseigne le communiqué de la procureure de Paris.

Selon le Monde, ce mardi matin, le site internet de la société OPORTIK, qui proposait des «mini-téléphones indétectables et ultra-compacts déplaqués», n’était plus accessible. L’entreprise basée en région parisienne est soupçonnée d’être à l’origine de la commercialisation de plusieurs milliers de ces téléphones miniatures, renseigne la radio publique. Trois fournisseurs sur le territoire français ont également été interpellés, complète le parquet.

5 000 téléphones de ce type en circulation

Dans son communiqué, la procureure de Paris Laure Beccuau précise que «l‘intégralité des 5 000 téléphones de la flotte en circulation sur le territoire national est visée par cette opération de démantèlement».

L’opération est menée conjointement par la Brigade de lutte contre la cybercriminalité, de la Police judiciaire de la préfecture de police de Paris (BL2C) et l’Unité nationale cyber de la gendarmerie nationale (UNC).

Enfin, cette opération d’envergure pourrait dépasser le territoire français et s’élargir à d’autres pays voisins, grâce à la transmission par le parquet de Paris du «mode opératoire permettant de localiser ces téléphones largement mis en circulation» à l‘agence de coopération judiciaire Eurojust.