
Enquête
Opération Trident (2/4) : de la «livraison surveillée» au trafic, les flics pris la main dans les sacs de drogue et de billets
Pour piéger un gros trafiquant de drogue, des policiers de l’Office antistupéfiants marseillais ont monté une opération de grande envergure, baptisée «Trident», avec l’aide de la DEA, l’agence antidrogue américaine. Mais l’affaire a viré au fiasco, révélant le rôle actif d’agents dans le trafic, dont cinq sont à ce jour mis en examen, et l’intervention de protagonistes troubles. Une débâcle qui menace désormais de fragiliser d’autres procédures judiciaires. Une série de Libération en quatre épisodes.
«C’est parti !!!» Ce 5 mars 2023, Arnaud D., policier à l’Office antistupéfiants (Ofast) de Marseille, envoie ce message enjoué à ses cinq collègues du groupe 8 pour les informer que le tanker Olivia 1 vient de quitter les côtes colombiennes. Ce bateau qui part de Carthagène prend la direction du port de Marseille avec à son bord un conteneur qui les intéresse tout particulièrement : près de 400 kilos de cocaïne sont cachés au milieu d’une cargaison de bananes. Ces policiers travaillent alors dans le cadre d’une enquête judiciaire ouverte quelques jours plus tôt par le parquet de Marseille.
Nom de code : «Trident». Officiellement, l’idée est de recourir à une livraison surveillée, cette technique spéciale d’enquête qui permet de laisser passer la drogue sans la saisir pour piéger les trafiquants, avant de les interpeller à l’issue de l’opération. Pendant cinq mois, les policiers vont échanger plus de 2 000 messages dans un groupe d