Le président de l’Institut national de l’audiovisuel (INA) Laurent Vallet a été interpellé fin juillet à Paris après s’être fait livrer de la cocaïne chez lui, a-t-on appris ce mardi 12 août de sources judiciaire et policière, confirmant une information de l’hebdomadaire d’extrême droite Valeurs Actuelles. S’agissant d’une première interpellation, il a été «orienté vers une injonction thérapeutique», a précisé à l’AFP une source judiciaire.
Analyse
La ministre de la Culture Rachida Dati a dans l’après-midi annoncé sur X (ex-Twitter) avoir «décidé pour la sérénité de l’institution de suspendre immédiatement [Laurent Vallet] de ses fonctions en attendant de plus amples informations». L’INA, qui a pour mission d’archiver les images et sons de la télévision et de la radio et de valoriser ces fonds, a de son côté transmis à la presse la réaction officielle de son président.
Ce dernier dit avoir «conscience du caractère à tous égards néfaste et condamnable de la consommation de stupéfiants» et indique se soumettre «à toute obligation que la justice estimera nécessaire» : «Je prends acte de la décision de la ministre de la Culture, Madame Rachida Dati, de suspendre mes fonctions en vue de l’audience à laquelle je suis convoqué début septembre au tribunal judiciaire de Paris pour une injonction thérapeutique.»
Pour 600 euros de cocaïne
Tout a débuté par une filature d’un jeune homme de 17 ans par des policiers de la BAC (brigade anticriminalité) qui parviennent à le suivre jusque dans la cour intérieure d’un bâtiment, explique une source policière. A sa sortie, ils l’interpellent et découvrent qu’il est porteur d’une somme de 600 euros. Le jeune homme leur affirme être allé voir un ami.
Les policiers prennent alors contact avec «l’ami», qui est en fait le président de l’INA. Celui-ci reconnaît avoir acheté au jeune homme de la cocaïne pour un montant de 600 euros et remet la drogue aux policiers. La cocaïne se vend généralement autour de 60 euros le gramme, au détail, en France.
Agé de 55 ans, Laurent Vallet a été reconduit en mai pour un troisième mandat de cinq ans à la tête de l’INA, sur proposition de Rachida Dati. Il occupe la présidence de cette structure publique depuis mai 2015. Il avait alors succédé à Agnès Saal, restée moins d’un an en poste. Elle avait dû démissionner à la demande de la ministre de la Culture de l’époque, Fleur Pellerin, après la révélation de frais de taxi dépassant 40 000 euros en dix mois.
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Avant de diriger l’INA, Laurent Vallet était depuis 2002 directeur général de l’Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles (Ifcic), établissement de crédit qui vise à faciliter l’accès au crédit des entreprises culturelles. Il est diplômé de Sciences Po, HEC et l’ENA.
Selon les chiffres du dernier rapport de l’Observatoire français des drogues (OFDT), rendus publics mi-janvier, 1,1 million de Français déclarent avoir consommé de la cocaïne durant l’année 2023. Presque deux fois plus qu’en 2017.
Mise à jour à 17h10 avec la suspension de Laurent Vallet et sa déclaration