Chaque semaine, la même histoire. Des articles de presse régionale relatent que telle ou telle commune a signé un protocole de «participation citoyenne». Une photo accompagne souvent l’écrit, et on y voit, tout sourire, un maire, un sous-préfet et un officier de gendarmerie. Le but est de désigner dans la population des «référents» pour signaler aux autorités toute situation jugée «anormale». A ce jour, près de 6000 municipalités ont adhéré à ce protocole, selon la gendarmerie nationale. Si les contours de ces dispositifs ont varié ces dernières années – prenant aussi la forme des «Voisins vigilants» –, ils s’inscrivent tous dans une même doctrine, explique Vanessa Codaccioni, professeure de science politique à l’université Paris-VIII, spécialiste de la répression et autrice de la Société de vigilance, auto-surveillance, délation et haines sécuritaires (Textuel, 2021).
Les protocoles de participation citoyenne avec la gendarmerie prévoient que toute situation «anormale» peut être signalée aux forces de sécurité. Comment comprenez-vous une consigne aussi vaste ?
Il ne s’agit pas tant de dénoncer