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Interview

«Participation citoyenne» avec la gendarmerie : «On fait naître un désir de plus de répression»

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Pour la chercheuse Vanessa Codaccioni, ces dispositifs renforcent le sentiment d’insécurité et le contrôle de l’Etat sur la population.
A Locmiquélic, commune du Morbihan où des habitants «référents» sont chargés de signaler toute situation «anormale» à la gendarmerie, le 27 décembre. Près de 6000 villes françaises ont déjà adhéré à ce protocole. (Théophile Trossat/Libération)
publié le 26 février 2024 à 7h25

Chaque semaine, la même histoire. Des articles de presse régionale relatent que telle ou telle commune a signé un protocole de «participation citoyenne». Une photo accompagne souvent l’écrit, et on y voit, tout sourire, un maire, un sous-préfet et un officier de gendarmerie. Le but est de désigner dans la population des «référents» pour signaler aux autorités toute situation jugée «anormale». A ce jour, près de 6000 municipalités ont adhéré à ce protocole, selon la gendarmerie nationale. Si les contours de ces dispositifs ont varié ces dernières années – prenant aussi la forme des «Voisins vigilants» –, ils s’inscrivent tous dans une même doctrine, explique Vanessa Codaccioni, professeure de science politique à l’université Paris-VIII, spécialiste de la répression et autrice de la Société de vigilance, auto-surveillance, délation et haines sécuritaires (Textuel, 2021).

Les protocoles de participation citoyenne avec la gendarmerie prévoient que toute situation «anormale» peut être signalée aux forces de sécurité. Comment comprenez-vous une consigne aussi vaste ?

Il ne s’agit pas tant de dénoncer