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Justice

Paul Watson, fondateur de Sea Shepherd, placé en détention au Groenland en vue d’une extradition vers le Japon

La police du Groenland a arrêté dimanche 21 juillet Paul Watson, célèbre militant écologiste canadien opposé à la chasse à la baleine, visé par un mandat d’arrêt international émis par le Japon. Ce mardi, sa demande de remise en liberté a été rejetée. Il reste donc en détention jusqu’au 15 août.
Paul Watson a été arrêté sur son navire qui venait d’accoster dimanche à Nuuk, capitale du Groenland et territoire autonome du Danemark. (Miguel Medina/AFP)
publié le 22 juillet 2024 à 11h43

Le capitaine Paul Watson, fondateur de l’ONG de défense des océans Sea Shepherd, a été arrêté par les autorités danoises au Groenland ce dimanche 21 juillet, annonce l’antenne française de l’organisation de défense des océans et de la vie marine Sea Shepherd sur X. Les autorités danoises ont également confirmé l’information. Il faisait l’objet d’une notice rouge d’Interpol depuis 2012, consécutif à un mandat d’arrêt japonais concernant deux incidents survenus dans l’océan Antarctique en 2010 à l’encontre d’un navire baleinier japonais.

Ce mardi 23 juillet, sa demande de remise en liberté a été rejetée, annonce l’un de ses avocats Me Jean Tamalet à Libération. Paul Watson a immédiatement fait appel de cette décision, mais reste pour le moment derrière les barreaux. «Les deux prochaines semaines vont être cruciales. On attend qu’il soit statué sur l’extradition» vers le Japon, ajoute son avocat. De son côté, l’Elysée a également annoncé que le président Emmanuel Macron suivait le dossier de près. «La France intervient auprès des autorités danoises afin que Paul Watson ne soit pas extradé vers le Japon», a déclaré ce mardi l’Elysée à franceinfo.

Le militant de 73 ans a été arrêté sur son navire qui venait d’accoster dimanche à Nuuk, capitale du Groenland et territoire autonome du Danemark, pour se ravitailler en carburant en vue d’«intercepter» le nouveau navire-usine baleinier du Japon dans le Pacifique Nord, a indiqué la Fondation du capitaine Paul Watson (CPWF) dans un communiqué. La vidéo publiée par CPWF sur les médias sociaux montre des officiers menottant Paul Watson sur le pont du navire John Paul DeJoria, le plaçant ensuite à l’intérieur d’une camionnette de police avant de l’emmener.

Le célèbre militant écologiste canadien, opposé entre autres à la chasse à la baleine, va être présenté devant un tribunal qui doit statuer sur sa détention «avant de décider s’il doit être extradé vers le Japon», a indiqué la police du Groenland, territoire autonome danois, dans un communiqué. Selon CPWF, il a été arrêté sur la base d’une notice rouge d’Interpol pour d’anciennes actions dans l’Antarctique. Pourtant, ce mandat d’arrêt international avait récemment disparu de site internet selon l’organisation, laissant alors croire à Paul Watson qu’elle avait été complètement retirée. «Il semble que le Japon ait rendu la notice confidentielle afin de faciliter le voyage de Paul dans le but de procéder à une arrestation», écrit la fondation dans son communiqué.

Le gouvernement japonais n’a pas réagi à cette arrestation. Les garde-côtes japonais «continueront à prendre les mesures appropriées en coordination avec les entités concernées», a dit de son côté une porte-parole de ces garde-côtes.

Un militant opposé de longue date à la chasse à la baleine

Ce dimanche, le bateau de la fondation de Paul Watson se dirigeait vers le passage du Nord-Ouest - voie maritime reliant, à travers l’archipel Arctique canadien, l’océan Atlantique et l’océan Pacifique - dans le cadre de sa campagne visant à «intercepter le Kangei Maru, un navire-usine récemment construit par le Japon, dans le Pacifique Nord».

A l’opposé, le Japon défend la chasse à la baleine en affirmant qu’elle constitue une question de «sécurité alimentaire» dans ce pays pauvre en ressources, qui importe de grandes quantités de viande animale. Mais sa consommation est tombée à environ 2 000 tonnes par an, alors qu’elle était 200 fois supérieure dans les années 1960.

Afin de s’affranchir d’un moratoire mondial sur la chasse aux baleines, le Japon a quitté en 2019 la Commission baleinière internationale (CBI). Le pays pêche ainsi de nouveau la baleine ouvertement pour des raisons commerciales, mais en se cantonnant à son propre espace maritime. La CPWF soupçonne le Japon de vouloir reprendre la chasse en haute mer dans l’océan Austral et le Pacifique Nord d’ici 2025. Elle estime que la réactivation de la notice rouge à l’encontre de Paul Watson est «politiquement motivée, coïncidant avec le lancement du nouveau navire-usine».

Mise à jour : le 23 juillet, avec l’annonce du rejet de la demande de libération sous caution de Paul Watson.