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Libération
Enquête (2/3)

Pédocriminalité, le système Lévêque : comment le plasticien a brouillé les lignes entre l’art et les abus

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Violences sexuellesdossier
Dans le cadre d’une enquête en trois volets consacrée aux accusations visant l’artiste, «Libération» revient sur l’une des pierres angulaires de son mode opératoire : la participation de ses victimes à l’élaboration de ses œuvres.
Claude Lévêque, lors de la présentation de son exposition «Vies de singes», en octobre 2015 à Paris. (Bertrand Rindoff Petroff/Getty Images)
publié le 16 avril 2025 à 17h03

Elles étaient là, sous nos yeux, les victimes de Claude Lévêque, cosignataires de son travail. Les écritures vulnérables d’enfants, transposées en néons, que le plasticien faisait dialoguer avec la graphologie erratique de sa mère, sont l’une des marques de fabrique de l’artiste depuis la fin des années 1980. Au point de s’imposer dans son paysage visuel, aux côtés des grandes installations immersives, au fond très autoritaires (tel ce Grand Soir, le dispositif carcéral déployé au sein du Pavillon français lors de la Biennale de Venise de 2009), comme un langage en soi.

Faire toute la lumière donc, littéralement, en associant ses victimes comme coauteurs de ses œuvres, tout en les assignant au silence : voilà une autre des équations au cœur du système Lévêque, décortiqué dans le premier volet de notre enquête. «La nuit, pendant que vous dormez, je détruis le monde», fait écrire Claude Lévêque à Léo Carbonnier (dernière victime en date à s’être manifestée pour des faits commis jusqu’en 2009) de la main droite alors qu’il est gaucher. Et ainsi de suite : «J’ai peur», «Je suis venu ici pour me cacher», «J’ris pas, j’pleure pas, j’dis rien», déclinés ad nauseam avec cette même écriture tremblotante et maladroite d’apprentis scribes.

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