La prison génère-t-elle de l’enfermement ? Une équipe pluridisciplinaire, composée d’une dizaine de juristes, sociologues et psychologues, s’est penchée pendant plus de trois ans sur cette question en interrogeant «la délinquance carcérale» et «les peines internes» qui en découlent. Des termes qui n’existent ni en droit, ni dans le langage administratif, qui renvoient à une réalité peu documentée, pourtant bien connue de l’administration pénitentiaire.
D’un côté, «la délinquance carcérale» renvoie «aux infractions pénales commises au sein des établissements pénitentiaires dans le cadre de l’exécution d’une peine de privation de liberté», soulignent les auteurs du rapport de recherches, dirigé par les juristes Isabelle Fouchard et Anne Simon. De l’autre, «les peines internes», correspondent «aux sanctions pénales prononcées en réaction à ces infractions commises dans un contexte carcéral». Un travail reposant sur des dizaines d’entretiens menés auprès de personnels pénitentiaires, de magistrats, de professionnels du soin et de l’insertion. Corentin Durand, du Centre de recherche interdisciplinaire sur la déviance et la pénalité de l’Université catholique de Louvain et coauteur du rapport publié mi-avril, explique à Libération les enjeux de cette enquête.
Quel est le point de départ de vos travaux ?
Au départ,