Dès qu’on touche un cheveu de Didier Raoult, qu’il porte par ailleurs volontiers long, c’est tout de suite l’emballement. Et à l’annonce par le site de France Bleu Provence d’une perquisition ce lundi matin de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée (IHU), à Marseille, ça n’a pas loupé. Mais la breaking news a fait long feu, même si les conjectures sur les raisons de la descente policière sont allées bon train – avec les invectives habituelles sur les réseaux sociaux entre détracteurs du professeur marseillais et les pro-Raoult.
«Il s’agit d’une enquête portant sur un possible conflit d’intérêts entre la direction de l’Institut de recherche pour le développement [IRD] et la présidence de l’IHU», a replacé l’avocat du chercheur, Brice Grazzini, faisant retomber le soufflé. Le chantre de l’hydroxychloroquine, lui, directeur de l’établissement avec de surcroît une casquette scientifique, n’est a priori donc pas directement concerné. Rien à voir donc avec la poursuite pour charlatanisme dont Raoult fait l’objet par l’Ordre des médecins, ou au conflit qui l’oppose à la biologiste américaine Elisabeth Bik.
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Des perquisitions menées «sans difficulté»
Face à l’agitation, le parquet de Marseille a communiqué dans la foulée de la perquisition qui s’est achevée en fin de matinée et confirmé qu’«une enquête préliminaire a été engagée depuis la transmission d’un signalement émanant de l’agence française anticorruption en 2019 visant l’IRD, établissement public à caractère scientifique et technologique dans ses liens financiers avec la fondation Méditerranée infection». En cause, une convention d’occupation de locaux signée entre Jean-Paul Moatti, le PDG de l’IRD à l’époque, et l’IHU, présidé par Yolande Obadia, qui n’est autre que son épouse. Ladite convention n’ayant d’ailleurs pas été visée par le conseil d’administration de l’IRD malgré les sommes engagées. De quoi susciter la curiosité de l’agence française anticorruption, comme le révélait Marsactu en 2018. Et aujourd’hui donc de la brigade financière.
Côté Raoult, on assure que l’opération menée par un substitut du procureur et une dizaine de policiers de la matinée s’est bien passée et que tous les documents demandés ont été remis. Ce que confirme le parquet de Marseille qui précise dans son communiqué que les perquisitions «se sont déroulées sans difficulté» et que «l’enquête se poursuit dans le cadre de l’exploitation des documents qui ont été saisis». L’avocat de Didier Raoult s’interroge tout de même sur le «mode opérationnel» choisi par les enquêteurs ce matin «Pourquoi maintenant alors qu’on parle d’une affaire qui date de 2018 ? Et pourquoi n’ont-ils tout simplement pas demandé les documents ?»