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Parjure

Scandale des crèches : perquisition «la semaine dernière» au domicile de la ministre Aurore Bergé

Le domicile de l’ancienne ministre déléguée aux Familles, sous le coup d’une enquête pour «faux témoignage», a été perquisitionné la semaine dernière. Un livre-enquête a révélé des faits qui pourraient s’apparenter à de la collusion entre un lobby privé et une membre du gouvernement.
Aurore Bergé à la Maison de la Radio, le 13 février dernier. (Stéphane de Sakutin/AFP)
publié le 19 février 2025 à 16h14
(mis à jour le 19 février 2025 à 16h53)

Le domicile d’Aurore Bergé, soupçonnée d’avoir menti sous serment sur ses liens avec une lobbyiste des crèches privées, a été perquisitionné «la semaine dernière» dans l’enquête qui la vise à Paris pour «faux témoignage», a-t-on appris mercredi 19 février de sources proches du dossier.

Le domicile de la lobbyiste, Elsa Hervy, et les bureaux de la Fédération française des entreprises de crèches ont aussi été perquisitionnés, selon ces mêmes sources. Les investigations, menées à la Cour de justice de la République (CJR), portent sur des déclarations de la ministre faites sous serment devant une commission d’enquête parlementaire.

«C’est surtout une copine :)»

L’actuelle ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes est mise en cause par le journaliste Victor Castanet dans son dernier livre-enquête, intitulé les Ogres. Un ouvrage qui traite principalement du fonctionnement problématique du groupe People & Baby. L’auteur des Fossoyeurs sur le scandale des Ehpad s’attarde notamment sur les relations entre Aurore Bergé et Elsa Hervy, déléguée de la fédération française des entreprises de crèches, révélant des faits pouvant s’apparenter à de la collusion entre un lobby privé et une membre du gouvernement. Aurore Bergé, alors députée Ensemble pour la République (EPR), avait rejeté les accusations et porté plainte en diffamation contre Victor Castanet. En réponse, le journaliste avait rendu publics des documents attestant selon lui d’«une entente entre Aurore Bergé et Elsa Hervy».

Les gendarmes de la section de recherches (SR) de Paris et trois magistrats instructeurs de la Cour de justice de la République (CJR) cherchent à déterminer si les deux femmes ont une relation particulière, qui aurait été cachée par Aurore Bergé, alors ministre des Familles. «La perquisition qui a eu lieu n’est que la suite logique et attendue de l’instruction en cours», a réagi l’avocate de la ministre, Jade Dousselin. «Comme elle l’a indiqué, Aurore Bergé reste par principe à la disposition de la CJR pour que cette dernière puisse travailler sereinement». «Dans ce dossier, où Elsa Hervy et la Fédération sont sollicitées comme témoins, les perquisitions vont démontrer qu’Elsa Hervy et Aurore Bergé n’entretiennent pas de relation intime, amicale ou personnelle», a aussi déclaré à Albane Lancrenon, avocate d’Elsa Hervy et de la FFEC. Parmi les documents divulgués par Victor Castanet, un courriel adressé le 8 août 2023 par la ministre à sa directrice de cabinet, où elle dit à propos d’Elsa Hervy : «C’est surtout une copine :) Elle sera très aidante avec moi».

Les investigations portent, depuis fin janvier, sur des déclarations de la ministre faites sous serment devant une commission d’enquête parlementaire le 30 avril 2024. Elles ont été lancées après un signalement du bureau de l’Assemblée nationale : des députés de gauche soupçonnent la ministre d’avoir passé sous silence des relations avec les lobbys devant la commission sur le modèle économique des crèches. La ministre avait affirmé n’avoir aucun «lien personnel, intime ou amical, ni d’accointances» avec la déléguée générale de la FFEC.

Mise à jour à 16h51 avec davantage de contexte