Marie Dosé, l’ancienne avocate du comédien Philippe Caubère soupçonné de viols et d’agressions sexuelles sur mineures, a été mise en examen mercredi pour soustraction ou altération de document dans l’enquête visant son ancien client, a indiqué le parquet de Créteil.
Enquête
«A l’issue de sa garde à vue, Me Marie Dosé a été présentée ce mercredi 8 octobre au juge d’instruction et mise en examen pour soustraction /altération de document ou objet concernant un crime ou un délit pour faire obstacle à la manifestation de la vérité», a détaillé le parquet. L’avocate «a été placée sous contrôle judiciaire, avec interdiction d’entrer en contact avec Philippe Caubère, certains des proches de ce dernier et des victimes», a ajouté le ministère public, qui souligne qu’elle «bénéficie de la présomption d’innocence». Deux proches du comédien, qui avaient également été placés en garde à vue lundi, ont pour leur part été laissés libres à l’issue de la mesure, a précisé le parquet.
«En justice comme en société, l’avocat n’a jamais autant été considéré comme le complice de ses clients», a déploré Me Dosé dans un communiqué transmis publié sur X. Or, «malgré des conditions toujours plus difficiles pour les avocats, je n’ai fait qu’exercer mon métier comme je le fais depuis vingt-cinq ans : en respectant mon serment», s’est-elle défendue. «Et je n’ai évidemment jamais commis les faits qui me sont reprochés», a-t-elle assuré, convaincue que «la justice le dira».
«Planquer l’ordinateur»
Selon le quotidien le Monde, Me Dosé avait été placée en garde à vue car soupçonnée d’avoir fait disparaître un ordinateur personnel de Philippe Caubère, dont les contenus auraient pu se révéler compromettants pour le septuagénaire. Le Monde mentionne l’existence d’un courriel datant de juin 2021 dans lequel le comédien aurait reproduit un message de son avocate de l’époque qui évoque une «décision de planquer [son] ordinateur». «Tu voulais que cette histoire s’arrête. Lorsque j’ai pris la décision de planquer l’ordinateur et que tu m’as suivie dans cette décision, c’était autant pour la protéger elle que toi. Non, c’était surtout pour la protéger elle», aurait écrit Marie Dosé à son client, dans un texte rapporté parle Monde. Cet appareil, poursuit le quotidien, pourrait avoir été celui que Caubère utilisait lors de la première plainte pour viols le visant, déposée par une femme en 2018 pour des faits survenus en 2010.
Le parquet avait classé cette plainte sans suite en 2019, «aucun élément» ne permettant «de corroborer les déclarations de la plaignante sur l’absence de consentement». Celle-ci avait été condamnée en septembre 2021 pour diffamation.
«Comportement déloyal»
Figure de la scène théâtrale, Philippe Caubère a été mis en examen en février 2024 pour des faits s’étant déroulés, selon les victimes, en 2012 pour une première, et entre 2010 et 2019 pour une deuxième. Le comédien, âgé de 75 ans, est aussi mis en examen pour corruption de mineur de plus de 15 ans sur une troisième victime, des faits qui se sont déroulés entre 2019 et 2021.
Dans cette information judiciaire, le juge d’instruction a été saisi en juillet d’un réquisitoire supplétif concernant des faits de proxénétisme, a indiqué à l’AFP une source proche du dossier. En mars, les procès-verbaux d’audition du comédien ont été annulés par la justice, en raison d’un «comportement déloyal» des enquêteurs qui l’avaient interrogé.
Philippe Caubère avait reconnu en janvier 2024 dans un communiqué transmis à l’AFP avoir eu une relation intime pendant quatre mois en 2012 avec une mineure âgée de 16 ans, une relation selon lui consentie.
Mis à jour jeudi 9 octobre, ajout du communiqué de Marie Dosé.