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«Piqûres à l’eau», «rafale de baffes», «mise à nu totale d’un enfant» : 40 nouvelles plaintes visent Notre-Dame-de-Bétharram

Affaire Notre-Dame de Bétharramdossier
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Le porte-parole du collectif des victimes est allé présenter un cinquième corpus de plaintes auprès du procureur de la République de Pau ce jeudi 27 février, dont 18 pour viols et agressions sexuelles.
Le porte-parole des victimes de l'école Bétharram, Alain Esquerre, rencontre le procureur de la République de Pau, Rodolphe Jarry, le 27 février. (Gaizka Iroz/AFP)
publié le 27 février 2025 à 12h31

Les plaintes contre Notre-Dame-de-Bétharram s’amoncellent. Ce jeudi 27 février, 40 nouvelles plaintes rédigées par d’anciens élèves de l’institut catholique béarnais pour des faits de violences physiques, sexuelles et viols ont été déposées. Dix-huit portent sur des faits de nature sexuelle. Alain Esquerre, lanceur d’alerte et porte-parole du collectif des victimes, a remis ce cinquième corpus au procureur de la République de Pau, Rodolphe Jarry, qui en a confirmé à Libération la bonne réception. Le magistrat a également indiqué le «dépôt d’une plainte pour non-dénonciation de crime et délit à l’encontre de François Bayrou».

Désormais, 152 anciens élèves mettent en cause l’établissement scolaire sous contrat avec l’Etat, et a minima 68 d’entre eux dénoncent des violences sexuelles ou des viols subis lors de leur passage dans l’institution catholique. Dans les 40 nouvelles plaintes – venant de France, de Monaco, du Mexique, d’Irlande, du Canada, d’Australie et de Suisse – Alain Esquerre fait état de nouveaux cas de violences physiques sur élèves comme des «piqûres à l’eau engendrant des douleurs atroces pendant deux jours», des «rafales de baffes sur un enfant de 13 ans».

Treize prêtres et quatre laïcs mis en cause pour violences sexuelles

Le lanceur d’alerte a également listé de nouvelles accusations de violences sexuelles et viols, comme la «mise à nu totale d’un enfant de 10 ans pour confession avec attouchement par un prêtre missionnaire», le «viol d’un garçon de 12 ans après des coups répétés portés sur la jeune victime par un surveillant général», ou encore des «attouchements répétés par un prêtre sur le fils d’un homme politique (hors Pyrénées-Atlantiques) pendant quinze mois».

Depuis le début de l’affaire, treize prêtres sont visés par des accusations concernant des faits de nature sexuelle. Un homme né en 1931 avait été interpellé puis placé en garde à vue la semaine dernière pour des faits d’agression sexuelle. Les faits lui étant reprochés étant prescrits, ce père a été relâché vingt-quatre heures après son interpellation.

Quatre laïcs, trois surveillants et un enseignant en sport, sont aussi visés dans les plaintes déposées depuis le 31 janvier 2024 pour des faits de violences sexuelles. Parmi les trois surveillants, un homme né en 1965 – en poste dans l’établissement jusqu’en février 2024 – a été placé en détention provisoire après son interpellation la semaine dernière. Une information judiciaire a été ouverte pour viol et agression sexuelle sur mineur. L’ancien surveillant surnommé «Cheval», qui avait été placé en garde à vue la semaine dernière mais relâché pour cause de prescription, est de nouveau cité dans une plainte.

Prescription glissante

Pour des faits d’agression sexuelle sur mineurs, la loi porte la prescription à vingt ans à partir de la majorité de la victime, et à trente ans pour des viols. L’écrasante majorité des faits reprochés dans l’affaire Bétharram sont bien plus anciens. Toutefois, les victimes se raccrochent à un espoir : la prescription glissante. Ce principe juridique, introduit par une loi d’avril 2021 concernant les violences sexuelles infligées aux mineurs, permet de prolonger le délai si une même personne viole ou agresse sexuellement par la suite un ou plusieurs mineurs. En clair, la première victime peut bénéficier du délai de prescription de la seconde. Dans le cas du surveillant «Cheval», si une personne victime d’agression sexuelle ou de viol non prescrit dépose plainte, les plaintes prescrites pourraient alors être réexaminées.