Le 3 mars, un discours prononcé à Washington par le plus haut magistrat des Etats-Unis, l’Attorney General Merrick Garland, a fait les délices d’une poignée de juges français. Spécialisés dans la matière complexe et ardue de l’économique et du financier, ces derniers se sont passé le texte de l’intervention concernant le droit pénal des affaires prononcée par ce juge fédéral, l’équivalent de notre ministre de la Justice, nommé par Joe Biden. Garland, qui s’exprimait devant les avocats de l’American Bar Association, avait eu des mots forts sur la lutte contre la délinquance en col blanc : ne pas poursuivre «énergiquement» les délits économiques et financiers «affaiblit nos institutions démocratiques en sapant la confiance du public dans l’état de droit», avait-il asséné. Selon le «ministre» de Biden, ne pas utiliser la manière «agressive» – le mot est de lui ! – pour punir les délits commis, par exemple, par les entreprises, «conduit les citoyens à douter» de leur gouvernement.
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De ce côté de l’Atlantique, les magistrats financiers qui ont lu la transcription du discours se sont pincés pour le croire. En France, leur ministre, l’ancien avocat Eric Dupond-Moretti, au lieu d’encourager et de soutenir les magistrats en charge d’affaires délicates et souvent embarrassantes, demande des enquêtes administratives à leur encontre ; le Premier ministre saisit ensuite devant le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), l’organe disciplinaire de la magistratu