Menu
Libération
Protection des mineurs

Poupées sexuelles à caractère pédopornographique : la justice enquête sur Shein, AliExpress, Temu et Wish

Lundi soir, le parquet de Paris a annoncé avoir confié quatre enquêtes à l’Office des mineurs. Des investigations lancées dans la foulée des signalements de la Répression des fraudes.

Le 3 novembre devant l'entrée du BHV à Paris, avant l'ouverture contreversée d'un espace de vente Shein. (Denis Allard/Libération)
Publié aujourd'hui à 8h50

Avant l’ouverture mercredi du magasin Shein au BHV, les géants asiatiques de la vente en ligne doivent se défendre sur un nouveau front. La justice a ouvert, au nom de la protection des mineurs, des enquêtes sur le site et ses concurrents AliExpress, Temu et Wish, notamment pour avoir proposé des poupées sexuelles d’apparence enfantine.

Lundi soir, le parquet de Paris a annoncé avoir confié quatre enquêtes à l’Office des mineurs (Ofmin). Ces investigations portent sur la «diffusion de message violent, pornographique, ou contraire à la dignité accessible à un mineur» pour les quatre sites. Dans les cas de Shein et d’AliExpress, qui proposaient des poupées sexuelles ayant l’apparence d’enfants, les enquêtes visent aussi la «diffusion de l’image ou la représentation d’un mineur présentant un caractère pornographique».

Ces investigations ont été lancées après que la justice a été saisie par des signalements de la Répression des fraudes (DGCCRF), qui dénonçait «l’accessibilité de contenus sexuels par des mineurs, ainsi que la mise en vente d’objets sexuels revêtant l’apparence d’enfants, et donc à caractère pédopornographique». Au micro de France Info ce matin, Alice Vilcot Dutarte, porte-parole de la DGCCRF, a rappelé que «ce qui nous alerte, ce n’est pas tant les produits que le contenu qu’on observe sur les sites, à savoir les commentaires, les descriptifs. Ce sont ces contenus qui nous ont alertés de par leur caractère pédopornographique et leur caractère pornographique sans outil de filtration d’accès par l’âge».

L’Arcom saisie

Lundi soir, Shein a affirmé avoir supprimé l’intégralité des annonces et visuels associés aux «poupées sexuelles», et avoir temporairement déréférencé sa catégorie «produits pour adultes». AliExpress a de son côté assuré que «les annonces concernées [par le signalement] ont été retirées».

Plusieurs responsables politiques étaient montés au front, le ministre de l’Economie, Roland Lescure, menaçant sur BFMTV et RMC de demander, «si ces comportements sont répétés, […] qu’on interdise l’accès de la plateforme Shein au marché français». «C’est tout à fait inacceptable et soulève la question, plus généralement, de la manière dont le marché unique européen, dont notre marché intérieur, est envahi par des produits contrefaits», a souligné quant à lui le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, en déplacement dans le Loiret, tandis que sur BFM la haute-commissaire à l’enfance, Sarah El-Haïry, a dénoncé «des objets pédocriminels sur lesquels des prédateurs s’entraînent malheureusement, parfois avant de passer à des sévices sur des enfants».

Shein sera auditionnée sous quinze jours à l’Assemblée par la mission d’information sur les contrôles des produits importés en France. Le régulateur de la communication audiovisuelle et numérique, l’Arcom, a par ailleurs confirmé avoir été saisi.

«Indécent»

Entreprise aux racines chinoises qui a conquis le marché mondial de l’ultra fast-fashion, Shein s’est implantée progressivement dans le paysage du commerce en ligne depuis son arrivée en France en 2015. Régulièrement accusée de concurrence déloyale, de pollution environnementale et de conditions de travail indignes, la plateforme a prévu d’ouvrir mercredi son tout premier magasin physique pérenne, au BHV.

S’il juge «indécent» et «inacceptable» la vente de ces poupées, le propriétaire du BHV Frédéric Merlin a défendu lundi le partenariat avec Shein. «Le principe même de notre partenariat est clair : seuls les vêtements et articles conçus et produits directement par Shein pour le BHV seront vendus en magasin, assure-t-il. Aucun produit issu de la marketplace internationale de Shein n’est concerné.»