Peut-on reprocher à des policiers leur manière d’intervenir sur la voie publique ? Pas toujours, apparemment. Arthur Béal en a fait l’expérience jeudi 22 mai. Son récit, le témoignage d’un riverain, ainsi que plusieurs vidéos consultées par Libération dessinent une scène violente, même si elle n’a pas laissé de séquelles physiques à notre connaissance. Et surtout inquiétante dans ce qu’elle dit des rapports entre les policiers et les citoyens.
Il est un peu plus de 23 heures, ce 22 mai, quand Yann (1) entend des bruits de voix par sa fenêtre ouverte qui donne sur le quai de l’Oise, dans le nord-est de Paris. Au bord du canal de l’Ourcq qu’il surplombe, il voit «un grand groupe de 15 ou 20 jeunes qui marchent». Soudain plusieurs voitures de police «arrivent à tout berzingue avec les sirènes». Yann décide de filmer «à cause de la violence du truc» : la «véhémence» des policiers, leurs «hurlements». «Si ça dérape, ma vidéo pourra être utile», pense le jeune homme.
«Je ne faisais que filmer»
Sur les vidéos qu’il nous a transmises, filmées de nuit, deux voitures sérigraphiées sont arrêtées à contresens sur la chaussée. Des agents courent dans des directions différentes. «J’ai rien fait», répète une voix apeurée. «Les gars, là, là, là !» crie, vraisemblablement, un policier. Un homme habillé en clair est mis à terre, sur le dos, sous la garde d’un agent accroupi et d’un second, debout, gazeuse lacrymogène à la main. Un autre est contraint par deux foncti