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Justice

Pour le frère d’Olivio Gomes, tué par la BAC : «Dans la logique des policiers, quand tu meurs, c’est de ta faute»

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Après trois ans de combat médiatique et judiciaire, Léonel Gomes et sa famille ont obtenu la mise en accusation du policier qui a tiré sur son frère lors d’un «refus d’obtempérer» en 2020. Rencontre.
Léonel Gomes, frère d'Olivio Gomes, tué par un policier de la BAC en 2020 lors d'un refus d'obtempérer, à Cergy (Val-d’Oise) , le 31 janvier. (Mathias Benguigui/Libération)
publié le 14 février 2024 à 19h35

Léonel Gomes ne veut pas parler de lui. Il préfère qu’on parle de son frère aîné : Olivio Gomes, tué devant son domicile, à Poissy (Yvelines), par un policier dans la nuit du 16 au 17 octobre 2020. Pour défendre «son honneur», le cadet a dû se muer en porte-parole de sa «très grande» famille, originaire de Guinée-Bissau. Installé sur la banquette lounge d’un discret restaurant-chicha de Cergy (Val-d’Oise), le jeune homme raconte ses trois années de sacerdoce, endurées comme une évidence.

La mort arrive par téléphone, un samedi matin d’octobre. Dans sa chambre au domicile familial d’Argenteuil (Val-d’Oise), Léonel Gomes est réveillé par la voix de son père. Il le trouve au rez-de-chaussée, mutique et éploré sur une chaise. Il s’empare de l’appareil posé sur le bar de la cuisine et y entend sa belle-sœur : «Ils ont tué Olivio.» Il avait 28 ans et trois enfants. «C’était un bon père, sinon ils ne le réclameraient pas comme ils le font aujourd’hui», déduit le frère. Agés d’un, quatre et cinq ans au moment du décès, ils ont peu, voire pas, de souvenirs de lui. Par touches, Léonel Gomes complète le portrait de l’aîné de la fratrie de quatre : «Joyeux», «souriant», «taquin», «sportif», «très famille», «pas du genre à chercher les problèmes».

«T’es pas en train de me mentir ?»

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