Léonel Gomes ne veut pas parler de lui. Il préfère qu’on parle de son frère aîné : Olivio Gomes, tué devant son domicile, à Poissy (Yvelines), par un policier dans la nuit du 16 au 17 octobre 2020. Pour défendre «son honneur», le cadet a dû se muer en porte-parole de sa «très grande» famille, originaire de Guinée-Bissau. Installé sur la banquette lounge d’un discret restaurant-chicha de Cergy (Val-d’Oise), le jeune homme raconte ses trois années de sacerdoce, endurées comme une évidence.
La mort arrive par téléphone, un samedi matin d’octobre. Dans sa chambre au domicile familial d’Argenteuil (Val-d’Oise), Léonel Gomes est réveillé par la voix de son père. Il le trouve au rez-de-chaussée, mutique et éploré sur une chaise. Il s’empare de l’appareil posé sur le bar de la cuisine et y entend sa belle-sœur : «Ils ont tué Olivio.» Il avait 28 ans et trois enfants. «C’était un bon père, sinon ils ne le réclameraient pas comme ils le font aujourd’hui», déduit le frère. Agés d’un, quatre et cinq ans au moment du décès, ils ont peu, voire pas, de souvenirs de lui. Par touches, Léonel Gomes complète le portrait de l’aîné de la fratrie de quatre : «Joyeux», «souriant», «taquin», «sportif», «très famille», «pas du genre à chercher les problèmes».
«T’es pas en train de me mentir ?»
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