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«Pourquoi j’irais violer une femme de 66 ans ?» : le profil de Nizar Hamida, condamné au procès des viols de Mazan

Procès des viols de Mazandossier
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Jugés depuis trois mois à la cour criminelle départementale du Vaucluse, Dominique Pelicot et 50 hommes sont accusés d’avoir violé son ex-épouse sous soumission chimique. Parmi eux, Nizar Hamida, 41 ans, voulait «enterrer sa vie de garçon» et pense avoir été drogué.
publié le 9 décembre 2024 à 21h29

Pendant plus de trois mois, Libération a suivi le procès des viols de Mazan au tribunal judiciaire d’Avignon. Le principal accusé, Dominique Pelicot, est l’architecte d’un système tentaculaire de violences sexuelles sous soumission chimique, dans le cadre duquel il a violé et fait violer celle qui était alors sa femme, Gisèle Pelicot, par des inconnus recrutés en ligne. A ses côtés, 50 coaccusés se sont succédé à la barre de la cour criminelle départementale du Vaucluse. Libération dresse les profils de ces hommes, la plupart poursuivis pour «viol aggravé», avant le verdict rendu ce jeudi 19 décembre.

Nom : Nizar Hamida

Age : 41 ans

Profession : sans emploi

Faits : une venue, la nuit du 9 au 10 octobre 2020

Statut : comparaît détenu, depuis quarante-quatre mois en détention provisoire pour «viol aggravé»

Peine requise : 13 ans de réclusion criminelle

Verdict : 10 ans

Nizar Hamida allait se marier dans quelques jours, le soir où il s’est rendu au domicile des Pelicot à Mazan. Lorsqu’il se connecte sur Coco, cet homme de 41 ans entend «faire la fête» pour «enterrer sa vie de garçon» : «C’était pour me libérer de la pression, du stress, pour passer une soirée libertine. J’ai jamais entendu le mot viol.» Dans la foulée de son rendez-vous avec un expert psychiatre chargé de l’examiner après son interpellation dans un supermarché, Dominique Pelicot lui aurait dit que «sa femme ferait semblant de dormir, que c’est leur fantasme». Aidé d’un interprète, ce Tunisien arrivé en France à 17 ans revient sur cette nuit du 9 au 10 octobre 2020, le verre d’eau qui lui est offert (ce que Dominique Pelicot dément), la télé allumée, les ronflements de Gisèle Pelicot qu’il n’entend pas.

Sur une vidéo, Nizar Hamida s’enquiert pourtant : «Elle ne se réveille pas ?» Son hôte lui répond : «Elle bougera un peu, mais elle ne se réveillera pas.» S’il concède «ne pas avoir recueilli son consentement», il maintient : «Je suis pas un violeur, j’ai jamais violé dans ma vie. Pourquoi j’irais violer et en plus une femme de 66 ans ?» Déjà condamné à huit reprises, notamment pour soustraction d’enfant (son fils de 11 ans) et violences conjugales, il pense «avoir été drogué». Devant la Cour, il libère ses cheveux retenus en queue-de-cheval. «Elle n’a pas pris mes cheveux, madame le juge [pour une analyse, ndlr], je ne les ai pas coupés depuis que je suis rentré» en prison. Ce coiffeur de formation évoque ses yeux rouges, son accident de voiture dans la foulée de son départ du domicile des Pelicot et ce rapport bucco-génital imposé à la partie civile, «alors qu’[il] ne l’[a] jamais fait de [s]a vie. […] Vous voyez pas qu’il y a un problème ?»