On tente de l’imaginer, cette femme en route vers le McDonald’s avec, dans sa voiture, deux petits garçons qui ne lui obéissent pas et dans sa tête, un mari qui vient de lui annoncer qu’il la trompe, son Capes encore raté, son grand-père adoré en fin de vie gisant dans un lit médicalisé. Elle se gare, elle laisse les enfants devant un film sur son portable puis elle attrape dans le coffre un bidon d’essence «Super», celui qu’elle utilise pour la tondeuse à gazon. Elle entre dans la maison de ses parents à Saint-Laurent-de-Mure, un quartier pavillonnaire en banlieue de Lyon. Ils ne sont pas là, elle le sait très bien. Elle traverse le salon tout blanc et sans bibelot, elle longe le couloir au carrelage toujours impeccablement briqué puis elle entrebâille la porte de la chambre aux volets clos. Cinq minutes plus tard, elle ressort de la maison sans regarder derrière elle. Selon l’ordonnance de mise en accusation, le 23 août 2020, Emilie G. a assassiné son grand-père de 95 ans, le laissant en proie au feu.
On tente encore de l’imaginer, cette même femme comparaissant devant la cour d’assises du Rhône en octobre 2024. Elle plaide «l’acte d’amour», la tentative désespérée d’abréger les souffrances d’un vieil homme grabataire. En larmes, elle entend la clémence : cinq ans d’emprisonnement avec sursis. Soit une peine bien en deçà des quinze ans de réclusion criminelle demandés par l’accusation. Elle ressort libre de la salle d’audience. A l’époque, le droit à «l’aide à mou