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Libération
Au pain sec

Prison de haute sécurité : 79 détenus ont été installés à Vendin-le-Veil

Les arrivées, enclenchées le 22 juillet, concernent les narcotrafiquants que Gérald Darmanin souhaite voir placés à l’isolement pour «les couper du reste du monde».
Gérald Darmanin après une visite de la prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil, le 25 juillet. (Justin Davis/AFP)
publié le 7 août 2025 à 14h07

Le compte est bientôt bon. Sur les cent narcotrafiquants destinés à être incarcérés dans la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), près de 80 ont déjà pris leurs quartiers, a annoncé Gérald Darmanin jeudi devant la presse après une visite du tribunal judiciaire de Lille. «On est à 79 détenus qui sont arrivés au centre pénitentiaire de haute sécurité de Vendin-le-Vieil», a comptabilisé le ministre de la Justice.

Les arrivées, qui ont commencé le 22 juillet, sont donc bientôt achevées. «Il restera une vingtaine de transferts à effectuer dans les jours qui viennent, dans des conditions de très grande sécurité», a poursuivi Darmanin. C’est notamment dans cette prison qu’a été transféré le 24 juillet Mohamed Amra, dont l’évasion sanglante en mai 2024 dans l’Eure avait coûté la vie à deux agents pénitentiaires.

Un projet attaqué de toutes parts

La décision d’isoler les narcotrafiquants a été reçue avec fraicheur dans certains cercles. L’observatoire international des prisons l’a jugée «attentatoire aux droits fondamentaux». L’Association des avocats pénalistes (Adap) a déposé fin juillet des recours au Conseil d’Etat pour demander l’annulation du décret sur les quartiers de lutte contre la criminalité organisée, reprochant notamment «un manque de transparence lors de la détermination des personnes envisagées pour le placement» dans ces quartiers. L’avocat d’un détenu à peine transféré a lui-même déposé plainte pour abus d’autorité contre le Tourquennois devant la Cour de justice de la République.

Des reproches écartés par le garde des Sceaux : «Ce n’est pas le ministre de la Justice qui a pris les noms et qui a dit : «Telle personne va dans tel endroit». […] Ce sont les magistrats instructeurs, lorsqu’il s’agit des personnes qui sont en détention provisoire, c’est bien les juges d’instruction qui ont donné leur accord, et puis c’est l’administration pénitentiaire pour les personnes condamnées.»

Un régime drastique destinés à «couper du monde»

Les conditions y sont «difficiles», a reconnu Gérald Darmanin. Les détenus y sont en effet soumis à un régime d’isolement visant à les «couper du monde». Ce régime est assorti de fouilles systématiques après les parloirs, de visioconférence en lieu et place des sorties ou de limitation d’accès au téléphone, que les détenus soient condamnés ou en détention provisoire.

Elles «respectent parfaitement la dignité humaine», a répondu le ministre, ajoutant que 80 % des détenus transférés à Vendin-le-Vieil sont en détention provisoire. L’exercice de réassurance n’est pas anodin, après que la justice a fait droit, fin juillet, à la demande des conseils du braqueur Rédoine Faïd, détenu à Vendin-le-Vieil, dont les conditions de détention ont été jugées «contraires à la dignité de la personne humaine».

Si l’administration pénitentiaire dispose d’un mois pour améliorer ces conditions, le «roi de la belle», à l’isolement depuis douze ans, restera à l’isolement, prévient Gérald Darmanin. «C’est quelqu’un qui a montré sa capacité, à deux reprises, à s’évader.»