«Plus jamais une affaire Amra». Le Garde des Sceaux, Gérald Darmanin, a annoncé ce jeudi 6 mars la création de deux prisons de haute sécurité en France, dès 2025. Invité du 20 heures sur France 2, le ministre de la Justice a révélé deux sites pénitenciers de haute sécurité qui vont accueillir les narcotrafiquants qualifiés de dangereux : le premier à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) sera prêt à partir du 31 juillet, et le deuxième à Condé-sur-Sarthe (Orne), qui abrite actuellement le narcotrafiquant Mohamed Amra, pour le 15 octobre prochain. «Ça fait 200 narcotrafiquants qui, d’ici le 15 octobre, seront totalement à l’isolement du reste de la société», a déclaré Gérald Darmanin.
Dans ces pénitenciers sur-mesure, il y aura «les personnes les plus dangereuses», «pas que des narcotrafiquants», précise Gérald Darmanin. Ce dernier évoque «toutes les personnes qualifiées de dangereuses pour l’extérieur, capable de s’évader, de menacer les agents, de les corrompre ou de se faire livrer». Et ajoute qu’il pourra y avoir «des terroristes islamistes» parmi les détenus.
Concernant les gardiens qui seront soumis à une extrême pression pour surveiller ces prisonniers, le Garde des Sceaux souligne qu’il y aura un travail préalable de sélection des profils : «On va les habiliter, on va regarder s’ils ont des failles personnelles […] parce que vous êtes plus facilement corruptibles», explique Gérald Darmanin, qui rappelle son souhait de protéger l’identité des gardiens. «Ils ont des menaces car on donne leur nom aujourd’hui. […] On les anonymise, qu’on ne voit jamais leurs noms, que dans les PV qu’ils remplissent, on ne connaisse pas leur identité», assure le ministre de la Justice.
Finie l’équation carcérale «un détenu pour un gardien», «on va aussi mettre à chaque fois 2-3 gardiens pour un détenu» afin qu’il y ait «un contrôle qui s’applique et qu’on ne puisse pas menacer ou corrompre un gardien», expose le Garde des Sceaux. Enfin, les prisonniers pourront rester «quatre ans renouvelables», dressant la comparaison avec le régime carcéral en vigueur en Italie.
Inspiré de la lutte anti-mafia italienne
Le cas Mohamed Amra, après son évasion sanglante qui a coûté la vie à deux agents pénitentiaires en mai 2024, a plusieurs fois été invoqué par Gérald Darmanin pour justifier la création de ces nouvelles prisons destinée aux trafiquants de stupéfiants, dont le régime carcéral d’isolement est inspiré de la lutte anti-mafia en Italie. Ce «régime de détention très strict» a fait l’objet d’un amendement à la proposition de loi sur la lutte contre le narcotrafic, qui a été adopté mercredi par la commission des lois de l’Assemblée nationale, s’est félicité le ministre sur X.
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L’amendement comprend des mesures telles que des fouilles intégrales après tout contact avec l’extérieur, des parloirs équipés d’hygiaphone ou encore un accès limité au téléphone. Les détenus pourraient être affectés dans cette prison sur décision du garde des Sceaux pour une durée de quatre ans, renouvelable.
Ces dispositions ont été dénoncées par l’Observatoire international des prisons qui les juge «attentatoires aux droits fondamentaux». Mercredi, Gérald Darmanin a reçu les organisations syndicales pénitentiaires et de magistrats à la Chancellerie alors que le Syndicat de la magistrature (SM, classé à gauche) avait lui décliné l’invitation, déplorant dans une lettre ouverte l’absence de «consultation préalable des organisations représentatives» pour son plan «narcoprison».