C’était une vieille promesse d’Emmanuel Macron, d’abord lancée en 2017 : mettre en œuvre un vaste plan pénitentiaire pour limiter la surpopulation carcérale, devenue une chronique irrésolue depuis des années en France. Pour ce faire, il avait entre autres promis la création de 15 000 places de prison supplémentaires d’ici 2027, ce qui porterait le nombre de places opérationnelles à 78 000 places. Si l’objectif ne pourra pas être tenu, comme l’a annoncé Didier Migaud le 10 novembre, le ministre de la Justice a ouvert une porte s’agissant de la date ultérieure à laquelle elles pourraient être livrées. Sur France 2, mardi 19 novembre, le garde des Sceaux a indiqué que ce serait «pour 2029, au mieux».
«Nous réalisons 42% du plan», a résumé Didier Migaud, qui a rappelé les chiffres de la surpopulation carcérale : «On a [près de] 80 000 détenus pour 62 000 places et on a des détenus supplémentaires chaque mois, chaque année.» Une situation qui «risque de [se] dégrader» et face auquel le ministre envisage un projet de loi pour accélérer les procédures de construction, qui s’étendent généralement sur sept ans, hors aléas juridiques. Le 10 novembre, Didier Migaud indiquait déjà que ce retard n’étant pas tant dû à un manque de crédits qu’à «des difficultés foncières» et à «des oppositions de la part d’élus» peu enclins à voir se construire sur leur territoire des centres éducatifs fermés ou des centres de semi-liberté.
Mardi sur France 2, l’ancien du PS a également appelé à réfléchir à des alternatives. «Il faut peut-être sortir du modèle unique de prison avec des conditions de sécurité extrêmement exigeantes. Tous les détenus ne sont pas des grands criminels. On doit avoir aussi des solutions diversifiées : des centres plus petits qui nécessitent moins de sécurité, [...] des solution modulaires comme il en existe en Allemagne ou en Suisse ; c’est moins coûteux et c’est plus rapidement réalisé.»
Interview
79 631 personnes incarcérées en octobre
Il faut dire que le trop grand nombre de détenus retenu en prison par rapport aux places disponibles est loin de s’améliorer. Au 1er octobre 2024, le nombre de détenus en France a atteint un nouveau record avec 79 631 personnes incarcérées, contre 78 969 le mois précédent. Pour quelque 62 000 places opérationnelles dans les prisons françaises. Plus de 3 000 prisonniers sont donc contraints de dormir sur un matelas posé au sol.
La France figure ainsi parmi les pires élèves en Europe sur la question : selon une étude publiée en juin par le Conseil de l’Europe, l’Hexagone se trouve en troisième position, après Chypre et la Roumanie. En mai dernier, le rapport annuel de la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté a de nouveau dressé un constat désolant sur l’état du milieu carcéral et de la prise en charge de ses occupants, «une chaîne qui déraille depuis trop longtemps.»