C’est le procès d’un homme autant que celui d’un système. Ancienne gloire de la lutte antidrogue, François Thierry, 56 ans, comparaît à partir de lundi devant la cour criminelle du Rhône pour «faux en écriture publique» et «destruction de preuves». Longtemps porté aux nues pour ses saisies mirobolantes, l’ex-patron de l’Office des stups (Ocrtis, devenu Ofast) est notamment accusé d’avoir rédigé un faux procès-verbal de garde à vue pour justifier l’extraction de prison d’un de ses informateurs, le trafiquant Sophiane Hambli, et lui permettre de piloter une gigantesque livraison de drogue depuis un hôtel de Nanterre (Hauts-de-Seine), en avril 2012. Une opération au cours de laquelle au moins six tonnes de résine de cannabis ont été importées avec l’aide de la police française, dont moins d’un tiers a finalement été saisi. Dans leur ordonnance de mise en accusation, les juges d’instruction pointent les «dérives opérationnelles», les «dysfonctionnements majeurs» et le «rôle proactif» de l’Office des stups dans cette opération. Tout en soulignant «l’adoption intentionnelle par le chef de l’Ocrtis d’une logique de cloisonnement consistant à donner à ses interlocuteurs, et notamment aux autorités judiciaires, une information parcellaire».
Interview
L’affaire est d’autant plus retentissante qu’elle est loin d’être isolée. Pendant plusieurs années, Sophiane Hambli a en effet servi de pivot à une stratégie mise en place par François Thierry avec l’aval d