«Au secours, je vais mourir.» Ce 22 juin 2009, Nicole Deblock, 65 ans, sent que quelque chose ne tourne pas rond sur la table d’opération, où elle s’apprête à subir une ablation de la vésicule biliaire. L’intervention n’a pas commencé que son bras gauche et sa poitrine la font souffrir. La patiente intubée convulse. Arrêt cardiaque. Un «événement indésirable grave» (EIG), comme on dit dans le jargon médical pour désigner tout incident lourd et inattendu au vu de l’état de santé du patient. Après plusieurs jours de coma, la sexagénaire se remet. Mais on lui pose un défibrillateur, faute d’identifier la cause de la défaillance.
Ce scénario catastrophe s’est reproduit à de multiples reprises, entre octobre 2008 et janvier 2017, dans la clinique Saint-Vincent et la polyclinique de Franche-Comté, à Besançon. Nicole Deblock fait partie des 30 cas d’empoisonnements avec préméditation et sur personne vulnérable dont est accusé l’ex-anesthésiste-réanimateur Frédéric Péchier, qui comparaît libre à partir de ce lundi 8 septembre, devant la cour d’assises du Doubs. Des patients venus pour des opérations mineures, sans facteur de risque, dont le plus jeune avait 4 ans et la plus âgée 89 ans. Douze sont décédés. Les autres ont conservé des séquelles psychologiques ou physiques – céphalées, perte de l’acuité visuelle, troubles neurologiques…
Il a fallu une enquête tentaculaire de sept ans pour envisager l’effroyable : un soignant s’en prenant à des patients. C’est «une inver