Menu
Libération
Justice

Procès de la rue d’Aubagne à Marseille : «Au-delà de la perte de mon père, il y a la perte de mon histoire»

Article réservé aux abonnés
Après une semaine d’audience, le tribunal correctionnel a abordé vendredi 15 novembre le parcours de vie des habitants d’un des bâtiments tombés en 2018. A la barre, les proches de victimes ont raconté leurs angoisses liées à l’état des immeubles puis le choc de l’effondrement.
Des parties civiles devant le tribunal, à Marseille le 7 novembre 2024. (Olivier Monge/Myop pour Libération)
par Stéphanie Harounyan, correspondante à Marseille
publié le 16 novembre 2024 à 13h00

La photo de Simona Carpignano s’affiche sur les écrans du tribunal correctionnel de Marseille. Chignon plaqué, port de danseuse – elle pratique tous les styles depuis l’enfance – et sourire plus retenu que sur l’image accrochée devant la «dent creuse», là où s’élevait le 65 rue d’Aubagne. «Sorriso», sourire en italien, c’était son surnom, pour ses amis de Tarente, la ville du sud de l’Italie où elle a grandi, comme pour ses copains marseillais. Simona, 30 ans, est l’une des huit victimes des effondrements du 5 novembre 2018. Après un début de semaine technique consacré aux causes de la catastrophe, le tribunal aborde ce vendredi le parcours de vie des habitants du numéro 65, le seul habité parmi les trois bâtiments tombés ce jour-là.

«Trente ans, c’est difficile à résumer, surtout au rythme de Simona», sourit sa mère Maria, les mains jointes derrière la barre au côté de son mari Domenico. C’est surtout lui qui va raconter sa fille, épaulé par une traductrice. Une jeune fille tournée vers les autres, «hyperactive» et «dédiée à son prochain». C’est à l’occasion d’une année d’Erasmus dans son cursus de langue que la jeune fille découvre la France. Elle étudie d’abord à Paris, y passe quelques années avant d’opter pour Marseille, plus conforme à son tempérament