Si elle devait être une émotion dans un portrait chinois, Amandine Iehlen serait la colère. Le 10 octobre 2008 au petit matin, son père est dans le bloc opératoire de la clinique Saint-Vincent, établissement réputé de Besançon (Doubs). L’homme de 53 ans, sportif, en pleine santé, doit subir une banale intervention du rein. Une formalité pour ce patient déjà passé sur le billard à plusieurs reprises, pour le même motif. Mais le téléphone d’Amandine sonne, le numéro de son père s’affiche. La voix au bout du fil lui est étrangère : c’est l’anesthésiste. Le cœur de Damien Iehlen, endormi depuis quelques minutes, s’est arrêté de battre avant même le début de l’opération. Inexplicable. En quelques secondes, la vie d’Amandine est «anéantie». Elle a 23 ans. Elle ne le sait pas encore, mais son père est le premier cas des 30 empoisonnements, dont douze mortels, qui seront imputés au docteur Frédéric Pechier, jugé à partir de ce lundi devant la cour d’assises du Doubs.
Par chance, l’anesthésiste en charge de l’intervention a le réflexe de demander une autopsie, après ce d