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A la barre

Procès de l’attentat Copernic : «J’ai dû attendre plus de trente ans pour qu’on me pose la moindre question»

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Près de quarante-trois ans après l’explosion à la bombe qui avait fait quatre morts et une quarantaine de blessés en face d’une synagogue parisienne, quelques parties civiles sont venues témoigner de leurs vies «dévastées» et des lacunes de l’enquête.
La plaque commémorative posée près de l’entrée de la synagogue de la rue Copernic, à Paris. (Karim Daher/Hans Lucas)
publié le 13 avril 2023 à 18h58

L’un doit s’appuyer sur une béquille. L’autre a les cheveux blanchis et les joues creusées par l’âge. Il suffit de regarder s’avancer à la barre ces rescapés à la démarche hésitante, ces orphelins devenus parents, pour mesurer le temps passé depuis le drame qui les réunit, salle Victor-Hugo, dans l’ancien palais de justice de l’île de la Cité : l’explosion d’une moto piégée devant la synagogue de la rue Copernic, dans le XVIe arrondissement de Paris, le 3 octobre 1980. Près de quarante-trois ans après le premier attentat ciblant des juifs en France depuis la Seconde Guerre mondiale, la cour d’assises spécialement composée de Paris entendait jeudi quelques unes des parties civiles – seules 24 étaient constituées à l’ouverture du procès. «Nous savions que cette bombe était posée pour nous tuer à la sortie de l’office», dira Corinne Adler, qui faisait partie du groupe de cinq adolescents qui célébraient leur Bar-mitsva ce jour-là et dont les grands-parents et les parents avaient fui l’Allemagne nazie : «C’était une entrée dans la vie adulte un petit peu brutale, qui m’a fait prendre conscience que l’histoire se répète.»

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