Un long et fastueux couloir mène à la salle «Grand Procès» construite dans l’ancien palais de justice de l’île de la Cité. Ce mercredi, en début d’après-midi, on y a aperçu deux femmes se tenir fixement par les épaules, regards plantés l’un dans l’autre, avant de commencer leur traversée. Le procès de l’attentat de Nice a entamé la veille un chemin difficile. Jusqu’au 21 octobre, plus de 280 victimes de l’attaque au camion perpétrée le 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais s’avanceront à la barre. Une par une, elles retraceront leurs souvenirs, diront leurs blessures, témoigneront de leur peine. Une succession de récits intimes qui, mis bout à bout, permettront de reconstituer cette funeste soirée au cours de laquelle 86 personnes, dont 15 mineurs, ont été tuées et plus de 400 blessées.
«Tout d’un coup, elle n’était plus là»
Laura B., avait 13 ans, presque 14, le soir où elle a été fauchée par le 19-tonnes meurtrier. Sa mère – on reconnaît la femme puisant du courage à l’orée du grand couloir – est la première à s’avancer à la barre pour raconter son histoire. «J’avais des jumelles, Laura et Audrey. Elles allaient avoir 14 ans le mois d’après», dit Marie-Claude, 50 ans. Les premiers mots sont les plus faciles, ils sont ceux des derniers souvenirs heureux : une séance shopping avec ses cadettes, l’excitation de la fam