L’horreur. L’horreur absolue. Comment décrire, en tant que journaliste, l’obscénité meurtrière la plus crue ? Quels mots utiliser, quels éléments donner à voir, et pourquoi ? Ce jeudi, la cour d’assises spécialement composée de Paris, devant laquelle s’est ouvert le 5 septembre le procès de l’attentat de Nice, a montré les images de l’attaque perpétrée sur la promenade des Anglais par Mohamed Lahouaiej Bouhlel, un Tunisien de 31 ans, abattu par la police. Quatre minutes et dix-sept secondes enregistrées par les caméras de vidéosurveillance de la ville, ce soir du 14 juillet 2016. Un choix annoncé la veille, après plusieurs jours de débat autour de cette délicate question, le président Laurent Raviot considérant que cet enregistrement est «de nature à éclairer la cour sur les faits».
Alors, ce jeudi vers 13 heures, les lumières se sont tamisées. L’écran géant derrière les magistrats professionnels s’est abaissé. Et le silence s’est fait dans cet immense écrin de bois clair où, pour la première fois depuis le début de ce procès,