A la barre, Nacera Kermiche, habillée de noir, est droite et digne. Maîtresse d’elle-même, elle contient, ce mardi après-midi, ses émotions devant la cour d’assises de Paris spécialement constituée, qui juge trois membres de l’entourage des deux auteurs de l’attentat, commis le 26 juillet 2016 dans l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.
La mère d’Adel Kermiche, 59 ans, répond sobrement aux questions. Après l’attentat, elle a cherché à savoir si c’était son fils qui avait poignardé Jacques Hamel, le prêtre assassiné. Ce n’était pas lui, d’après les témoignages des otages. «Je ne vais pas dire que cela m’a réconforté, explique-t-elle. Car il a fomenté l’attentat, il l’a préparé.» Elle insiste : «Il n’a pas porté les coups mortels. Adel n’était pas capable de tuer quelqu’un.»
Cette mère déchirée laisse parfois percevoir son désarroi, surtout face à une radicalisation qu’elle n’a pu contenir, ni contrer. «J’aurais tellement voulu avoir les moyens d’éviter cet attentat», répète-t-elle. De la préparation de l’attaque, la famille n’a rien vu. «Je pense qu’il ne nous disait pas tout, reconnaît-elle, un foulard noué autour du cou. Il savait bien qu’on était en contact avec la police. […] O