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A la barre

Procès de Monique Olivier : dans le grenier décati, la geôlière et la «petite fille triste»

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Jugée pour complicité dans trois crimes par la cour d’assises des Hauts-de-Seine, l’accusée a été interrogée, ce jeudi, sur l’enlèvement et le meurtre d’Estelle Mouzin en 2003. Elle a décrit les quelques heures au cours desquelles elle a «gardé» la fillette, sans pouvoir révéler où se trouve sa dépouille.
Monique Olivier à la cour d’assises des Hauts-de-Seine le 28 novembre. (Denis Allard/Libération)
publié le 14 décembre 2023 à 19h51

Dans ce box de verre serait assise l’autoproclamée «reine des idiotes», celle qui s’est amourachée dans les années 1980 de la mauvaise personne, qui lui a écrit des lettres un peu «stupides», que la justice appelle «pacte», avant de l’aider «de façon inexplicable» à violer et tuer des dizaines de petites filles et jeunes femmes. Même délivrée de la présence dévorante de son ex-mari, Michel Fourniret – mort deux ans plus tôt en détention – même délestée de l’enjeu pénal (elle purge déjà une peine de réclusion criminelle à perpétuité), Monique Olivier peine à se frayer un chemin vers la surface.

Depuis l’ouverture du procès fin novembre, elle s’exprime avec flegme, usant de phrases qui restent en suspens comme un pont cassé vers ses interlocuteurs. Elle commence par verbaliser l’audible puis, au moment où elle frôle le terrible, troque les mots pour des silences. Peut-être est-elle une énigme à sa propre conscience, peut-être une dissimulatrice, peut-être d’une «inconséquence abyssale», comme a dit une psychiatre. En tout cas, pour son troisième procès, l’accusée de 75 ans n’a pas fini de donner du fil à retordre à la justice.

«C’est pas que je ne veux pas pleurer, c’est que je n’y arrive pas, soupir