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A la barre

Procès de Monique Olivier : «Je suis le fruit d’un accident, d’un accord commercial, pas de l’amour», estime son fils

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Selim Olivier, le fils de l’accusée et du tueur en série Michel Fourniret, est venu témoigner ce mercredi 13 décembre devant la cour d’assises des Hauts-de-Seine. Le visage déguisé et écrasé par le poids d’un héritage impossible, il a tenté de raviver des souvenirs enfouis.
Le 28 novembre devant la cour d'assises de Nanterre (Hauts-de-Seine), à l'ouverture du procès de Monique Olivier. (Denis Allard/Libération)
publié le 13 décembre 2023 à 21h00

Il y a très longtemps, dans le village de Sart-Custinne, dans le sud de la Belgique, vivait une famille sans histoire, selon l’expression consacrée. Il y avait le père, la mère et le fils. Il y avait des engueulades parce que ce dernier ne travaillait pas bien à l’école, des vacances près de la mer du Nord ou en Vendée, dans le camion aménagé en camping-car, des balades à vélos… Mais comme toutes les familles sans histoire, celle-ci en avait plein. A l’écran de visioconférence de la cour d’assises des Hauts-de-Seine, Selim Olivier, 35 ans, agent de sécurité, ne sait pas très bien s’il voudrait les oublier ou s’en souvenir. Il redoute les ressacs de l’horreur.

Le corps figé dans sa doudoune bleue, le visage travesti de façon tragicomique pour éviter qu’on le reconnaisse – perruque aux reflets bleus, grosse moustache et lunettes –, il a l’impression d’avoir grandi «avec deux acteurs : l’acteur papa et l’acteur maman». La réalité lui a sauté à la gorge en 2003, à l’âge de 15 ans. Celui qu’il appelle désormais «Michel Fourniret» venait d’être arrêté par les enquêteurs belges et incarcéré à Dinant. Avec «Monique», ils étaient partis vivre dans un autre village pas trop loin. «Elle est venue me chercher à l’école et elle m’a juste dit : “Papa n’est pas là.”» Selim a répondu : «Cool.»