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Libération
Devant ses juges

Procès d’Eric Dupond-Moretti : la justice sens dessus dessous

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La Cour de justice de la République va juger à partir de ce lundi 6 novembre pour «prises illégales d’intérêts» le garde des Sceaux toujours en exercice et va voir défiler la fine fleur de la magistrature. Ubuesque.
Eric Dupond-Moretti sur le perron de l'Elysée le 8 mars 2022. (Denis Allard/Libération)
publié le 5 novembre 2023 à 20h19

Ministre de la Justice et prévenu, en même temps. Du jamais-vu. Un scénario que même les scénaristes de Borgen ou Baron noir n’auraient osé imaginer, de crainte qu’on leur renvoie un manque de plausibilité. Et pourtant : à partir de ce lundi 6 novembre, le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, comparaîtra pour «prises illégales d’intérêts» devant la Cour de justice de la République (CJR), unique juridiction en France habilitée à enquêter sur des délits ou crimes commis par des membres du gouvernement pendant l’exercice de leurs fonctions et à les juger. Il encourt cinq ans d’emprisonnement, 500 000 euros d’amende et l’interdiction d’exercer une fonction publique.

En dépit de ses huit pourvois en cassation, tous déboutés, Dupond-Moretti sera donc jugé par trois magistrats et douze parlementaires. A 62 ans, il est soupçonné d’avoir usé de ses prérogatives pour régler ses comptes avec quatre magistrats, à l’encontre desquels il a demandé une enquête administrative : trois du Parquet national financier (PNF) et un ex-juge d’instruction à Monaco, avec lesquels il avait eu des frictions du temps où il portait la robe. A peine nommé, celui-ci est pourtant alerté du risque de conflit d’intérêts qui le guette. Par le Syndicat de la magistrature (cla