Politiste et maître de conférences à l’université de Rouen, Antoine Mégie observe et dissèque depuis plus de six ans des procès terroristes. A la veille de l’ouverture de celui des attentats du 13 novembre 2015, auquel il assistera, il détaille auprès de Libération les enjeux de ce moment de justice historique.
Peut-on considérer le procès du 13 Novembre comme le plus grand défi qu’aura à connaître la justice antiterroriste ?
C’est un moment charnière que les autorités judiciaires veulent historique. Elles ont décidé d’investir des moyens, du temps, à un niveau jamais atteint auparavant. Un sommet ou un aboutissement ? Il y aura encore le procès de l’attentat de Nice, les appels des procès des attentats de 2015… Et on ne sait pas ce qu’il se passera après. Le risque, c’est d’en faire un procès hors-sol, de le considérer unique, alors qu’en réalité il résulte d’une histoire, d’expériences judiciaires étalées en particulier entre 2015 et aujourd’hui.
Qu’est-ce qui a changé depuis le début de vos travaux ?
J’ai commencé à partir de 2015 à suivre le contentieux terroriste. Il apparaissait progressivement et se concentrait au départ autour des fili