«Enculé !» «Connard !» «Salopard !». Ces mots, les victimes les avaient contenus depuis plus de dix ans. Ils ont fusé dans l’assistance à la simple vue de leurs anciens dentistes, entrés très discrètement ce lundi matin dans la salle spéciale «procès hors normes» du tribunal correctionnel de Marseille. Lionel Guedj, 41 ans, et son père Carnot Guedj, 70 ans, appréhendaient ce moment, selon leurs avocats. Pour la sanction pénale qu’ils encourent – jusqu’à dix ans de prison pour «violences volontaires ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente» et «escroquerie» –, mais surtout pour la confrontation, après des années d’instruction, avec la centaine de parties civiles (sur les 322 constituées) qui avaient décidé de témoigner à l’audience, face à eux, des souffrances endurées après leur passage entre les mains des deux praticiens.
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Le climat de tension, palpable dès les premières minutes, la présidente du tribunal Céline Ballerini l’avait anticipé. «Que vous ayez attendu longtemps ce procès, que ce moment soit important pour vous, je peux le comprendre, a-t-elle entamé à l’adresse du public. C’est un procès qui aura pris un temps très long [l’information judiciaire a été ouverte en 2012, ndlr], mais en aucun cas, ne seront acceptés les mouvements d’animosité, de menaces ou de commentaires, sous peine d’exclusion immédiate de la salle.» En bonne pédagogue, la magistrate a pris un temps pour rappeler les règles du jeu judiciaire