Le procès qui se tient pendant cinq semaines devant la 11e chambre du tribunal judiciaire de Paris est exceptionnel à plus d’un titre. Par le grade des prévenus qui défilent à la barre, d’abord : six anciens hauts responsables de la prestigieuse Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED), tous accusés à des degrés divers d’avoir monté des opérations de toutes pièces en s’appuyant sur un trafiquant, dans le but de doper les statistiques du service. Exceptionnel aussi par l’étendue des secrets qui y sont dévoilés, tant les audiences offrent une plongée inédite dans les coulisses, ici peu reluisantes, d’un des principaux services de renseignement français.
La perspective d’un grand déballage a d’ailleurs poussé plusieurs avocats de la défense à demander le huis clos dès l’ouverture du procès, à la fois en raison des informations classifiées évoquées et du risque de mettre en péril la sécurité des aviseurs (informateurs dans le jargon douanier), dont les noms, le mode de recrutement, la gestion opérationnelle et le rôle trouble allaient immanquablement être jetés en pâture devant le public et la presse. Avec pour corollaire de contraindre les prévenus à s’épancher sur de vieilles affaires rendues possibles par ces indics, et donc de divulguer des informations confidentielles sur des organisations criminelles tombées grâce à leurs tuyaux. Un huis clos finalement refusé par le tribunal, au nom précisément du côté «exemplaire» de ce procès emblématique.
Dossier tentaculaire
<