Le visage d’El-Amine Sulleman tente d’en dire le moins possible. La grande salle du tribunal de Marseille où le public se presse encore ce mardi 19 novembre dans la matinée, les magistrats en robe noire, les journalistes, les codes de la justice… Rien n’est familier pour l’adolescent, si ce n’est ses trois frères aînés et sa sœur qui l’entourent sur le banc. El-Amine a encore le visage poupon d’un petit, mais sa carrure, enfouie sous une doudoune à capuche sans manches, commence à s’épaissir. Il y a plus simple comme épreuve pour son quinzième anniversaire, qui tombe aujourd’hui même : le tribunal correctionnel va évoquer l’histoire de sa mère, Ouloume Saïd Hassani, morte dans l’effondrement du 65, rue d’Aubagne le 5 novembre 2018, à 54 ans. El-Amine, lui, en avait 8.
Il préfère ne pas prendre la parole, ont expliqué ses avocats. C’est l’un de ses grands frères, Imane Saïd Hassani, son tuteur légal depuis l’effondrement, qui va ouvrir le récit de sa mère devant les juges. Ouloume a grandi aux Comores dans un milieu rural, trop modeste pour lui permettre d’aller à l’école. Plus tard, elle part à Mayotte chercher une vie meilleure. Elle y restera vingt-cinq ans, les trois derniers de ses cinq enfants y sont nés, dont Imane, 33 ans aujourd’hui, et El-Amine. Quand les aînés choisissent de partir en France, Ouloume décide de se rapprocher d’eux et s’installe d’abord à Paris, puis à Marseille en mars 2014.
Dernier corps extrait des décombres
Imane l’avait précédée de quelques mois, et habite déjà dans un petit apparte