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Justice

Procès des geôliers de l’Etat islamique : l’ex-otage Edouard Elias, la «machine à mourir» et «la voix qui parlait trop»

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Mehdi Nemmouche, parcours d'un jihadistedossier
Le photographe, séquestré par l’organisation terroriste durant onze mois, a livré un récit pudique et impressionnant de sa détention, émaillée de sévices, devant la cour d’assises spéciale de Paris. Et certifié reconnaître la voix de l’accusé Mehdi Nemmouche comme celle d’un de ses bourreaux.
Le photojournaliste français et ancien otage en Syrie Edouard Elias au procès de Mehdi Nemmouche à Paris le 17 février. (Alain Jocard/AFP)
publié le 19 février 2025 à 21h07

Il était le plus jeune des 25 otages occidentaux de l’Etat islamique, enlevés et séquestrés entre 2012 et 2014. «J’avais 22 ans. Je suis orphelin de père et de mère, j’ai été élevé par mes grands-parents. J’avais déjà quelques bagages, a débuté l’ex-captif Edouard Elias, en ce troisième jour de procès des geôliers de l’organisation terroriste devant la cour d’assises spéciale de Paris. En 2012, pour la première fois en Syrie, j’ai découvert le combat et le feu, c’est d’ailleurs là-dedans que je me suis spécialisé.» En dépit de sa jeunesse, le photographe a «du sang-froid» et du «talent», ajoutera son acolyte, le grand reporter Didier François, également entendu.

A la barre, l’homme d’aujourd’hui 33 ans livre un récit pudique et puissant, non dénué d’humour. Il est le premier des quatre anciens otages français à témoigner. En quelques mots, il embarque l’auditoire dans l’exiguïté et la promiscuité des cachots de l’Etat islamique, avec les morpions ; le demi-bout de pain et les trois olives en guise de repas ; «la tournée de chiottes», qui rythme les journées. «Souvent, quand la porte s’ouvre, l’air rentre, mais les coups arrivent aussi», raconte-t-il, décrivant par le menu les sévices aux