L’entrée de l’immeuble est encastrée entre un restaurant branché et une agence immobilière du boulevard Pasteur, à la croisée des XVe, VIIe et VIe arrondissements de Paris, une artère aisée. C’est là que squattaient les petits, des Marocains pour la plupart. Des gamins étiques, certains galeux, d’autres avec la peau sabrée de coups. Des va-nu-pieds. Depuis longtemps, l’innocence de l’enfance les a quittés. Ils sont partis de Fès, de Rabat ou d’ailleurs. Ils ont traversé la Méditerranée et, pour beaucoup l’Espagne, happés par les récits propagés sur les réseaux sociaux. Des promesses pour mômes. Une PlayStation 5, des habits de marque. Durant leur errance parisienne, certains n’auront pas même de quoi se chausser. La plupart avaient 13 ou 14 ans au moment des faits, entre janvier 2021 et juin 2022. Le plus jeune ne dépassait pas les 8 ans.
Rencontre
Le bout de leur itinérance avait pour forme la tour Eiffel, comme le promontoire vers une existence meilleure. Aux enquêteurs, Amine (1) a exhumé un souvenir : «Quand je suis arrivé à la gare Montparnasse, tout ce que je connaissais, c’était la tour Eiffel. Alors j’ai demandé où était la tour Eiffel.» Leur «eldorado» se situait à une vingtaine de minutes à pied du squat du boulevard Pasteur. Dans le décor minéral du Trocadéro, où se chevauchent les flâneries des touristes et les déambulations des Parisiens, les petits Marocains se sont transformés en délinquants, des voleurs usant parfois d’une violence furieuse, et toujours av