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A la barre

Procès des viols de Mazan : comment les enquêteurs ont retrouvé les accusés

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Pendant une décennie, Dominique P. a invité des hommes à violer sa femme, droguée jusqu’à l’inconscience. Au procès de 51 d’entre eux, un commissaire a expliqué comment, notamment à partir des vidéos soigneusement archivées des faits, les enquêteurs sont remontés jusqu’aux suspects.
Gisèle P. arrive au tribunal d'Avignon pour le début du procès de Dominique P. et une cinquantaine de ses violeurs présumés. (Arnold Jerocki/Libération)
par Stéphanie Harounyan, correspondante à Marseille
publié le 5 septembre 2024 à 8h16

La journée de mardi avait déjà été éprouvante pour les parties civiles. Gisèle P. avait contenu ses émotions, affichant un visage digne malgré la lecture crue du long compte rendu de l’enquête – lourde de 31 tomes – racontant les faits pour lesquels 51 hommes comparaissent depuis lundi pour viols ou et agressions sexuelles, à commencer par son ex-mari, Dominique P. De ce récit éprouvant aux détails sordides, la principale victime et ses enfants étaient sortis «ébranlés», selon l’un de leurs avocats. La tension est montée d’un cran ce mercredi : l’audition du chef d’enquête a été l’occasion, pour plusieurs avocats de la défense, d’affirmer la ligne déjà esquissée la veille. Si quatorze des 51 accusés ont reconnu les faits reprochés, présentant leurs excuses à la victime, les autres refusent d’être qualifiés de «violeur».

Appelé à la barre à l’ouverture de l’audience, le commissaire divisionnaire Jérémie Bosse Platière a d’abord détaillé le fastidieux travail d’enquête des policiers. Tout démarre le 12 septembre 2020, lorsque le vigile d’un supermarché de Carpentras surprend un homme en train de filmer sous les jupes des femmes. Dominique P., 68 ans alors, avoue immédiatement, évoque des «pulsions». Ses deux téléphones portables sont saisis ainsi qu’un ordinateur, lors d’une premiè