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Verdict

Procès des viols de Mazan : Dominique Pelicot condamné à 20 ans de prison

L’accusé principal du procès des viols de Mazan, jugé par la cour criminelle du Vaucluse pour avoir violé et fait violer son épouse pendant une décennie, a écopé ce jeudi 18 décembre de la peine maximale.
A la barre, les différents experts qui se sont penchés sur le cas Pelicot ont décrit un homme aux deux visages, «pervers », «colérique» et «menteur», dévoré par «des fantasmes obsédants», «avec une empathie à zéro». (Arnold Jerocki/Libération)
publié le 19 décembre 2024 à 10h35

Dominique Pelicot devrait finir ses jours derrière les barreaux. Jugé depuis début septembre pour avoir, pendant près d’une décennie au moins, violé et fait violer son épouse, Gisèle Pelicot, sédatée, par des inconnus recrutés en ligne, le retraité de 72 ans a été condamné ce jeudi 18 décembre par le tribunal judiciaire d’Avignon à une peine de vingt ans de réclusion criminelle, la peine maximale.

Les juges ont suivi les réquisitions de l’accusation. «C’est à la fois beaucoup car c’est vingt ans d’une vie, quel que soit son âge, ce n’est pas rien. Mais c’est trop peu au regard de la gravité des faits qui ont été commis et répétés», avait insisté la vice-procureure Laure Chabaud, au moment des réquisitions, le 25 novembre.

Jugé aux côtés de 50 autres accusés, Dominique Pelicot a répété, durant les trois mois et demi d’audience, ce qu’il avait déjà raconté lors de son placement en garde à vue, le 2 novembre 2020 : «Je suis un violeur, comme ceux qui sont concernés dans cette salle», a résumé le retraité dès sa première audition. Selon lui, les accusés étaient parfaitement informés que Gisèle Pelicot avait été sédatée au préalable par ses soins, balayant les dénégations de nombre d’entre eux à la barre. Malgré les milliers de photos et vidéos minutieusement stockées et légendées par Dominique Pelicot, nombre de ces derniers ont affirmé s’être fait berner par un «manipulateur hors pair», assurant avoir cru participer à un scénario libertin consenti, et ne pas s’être rendu compte que Gisèle Pelicot était inconsciente.

A la barre, les différents experts qui se sont penchés sur le cas Pelicot ont décrit un homme aux deux visages, «pervers », «colérique» et «menteur», dévoré par «des fantasmes obsédants», «avec une empathie à zéro». L’homme, qui a fait illusion pendant des années auprès de sa propre famille, au premier chef Gisèle Pelicot, épousée en 1973, et leurs trois enfants, a justifié sa face sombre par des «traumatismes» vécus par le passé, et notamment un viol commis par un infirmier qu’il aurait subi à l’âge de 9 ans. «J’ai toujours aimé l’inaccessible. Personne n’appartient à personne et j’ai bravé ce sentiment-là, pour pouvoir faire ce dont j’avais envie au moment où j’en avais envie. Voilà mon mobile», avait déclaré au cours du procès Dominique Pelicot pour expliquer ses actes.

Des soupçons dans deux autres affaires

S’il avait dit vouloir parler, pour soulager sa «conscience» - «Je sais que je vais prendre vingt ans, j’ai tout perdu, qu’est-ce que je peux faire de plus ?», interrogeait-il -, il avait cependant refusé d’aborder certaines zones d’ombre du dossier - comme les soupçons de violences commises sur sa fille Caroline.

Depuis son arrestation, Dominique Pelicot est soupçonné d’être impliqué dans deux autres affaires. Confondu par son ADN, il a fini par reconnaître une tentative de viol avec arme sur une jeune femme en région parisienne, en 1999. Mais persiste à nier, malgré un mode opératoire similaire, le meurtre précédé ou suivi de viol de Sophie Narme à Paris en 1991, pour lequel il est également mis en examen. Des dates bien antérieures au début déclaré des viols sous soumission chimique de Gisèle Pelicot, et une parenthèse de vingt ans qui peut laisser craindre d’autres actes.