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Procès des viols de Mazan : Dominique Pelicot hospitalisé et «pas en état de comparaître», l’audience suspendue jusqu’à mardi

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Le septuagénaire, principal accusé du procès des viols de Mazan, a été hospitalisé dimanche 15 septembre dans la soirée suite à une «infection au rein». Mais pas de quoi renvoyer le procès selon son avocate qui estime que son client peut être rétabli d’ici 72 heures.
Lors de l'ouverture du procès des viols de Mazan, à Avignon, le 2 septembre. (Arnold Jerocki/Libération)
publié le 16 septembre 2024 à 8h56
(mis à jour le 16 septembre 2024 à 10h40)

L’audience ce lundi 16 septembre du procès des viols de Mazan a été à nouveau suspendue jusqu’à mardi en raison de l’absence de l’accusé principal, Dominique Pelicot, qui est malade et doit être examiné dans la journée par des médecins pour savoir s’il est apte à comparaître. «Nous allons suspendre pour ce jour et nous reprendrons demain matin», a déclaré le président de la cour, Roger Arata, qui attend le retour d’une expertise médico-légale en fin de journée et décidera mardi du renvoi, ou non, du procès.

Alors que la suite du procès des viols de Mazan est suspendue depuis plusieurs jours à l’état de santé du principal accusé, son avocate Béatrice Zavarro a affirmé ce lundi matin à France Info que son client n’était pas en mesure de se présenter au tribunal d’Avignon. Le septuagénaire accusé d’avoir drogué sa femme Gisèle aux anxiolytiques pour la violer et la faire violer par des dizaines d’hommes recrutés sur internet pendant dix ans a été hospitalisé dimanche soir suite à «un caillot dans la vessie» et «une infection du rein», selon les dires de son conseil.

Après une première expertise médicale, le président de la cour criminelle du Vaucluse, Roger Arata, avait ordonné jeudi la suspension du procès la journée du vendredi, tout en jetant le trouble sur la continuité de celui-ci et pour sa reprise ce lundi.

«On ne va pas perdre quatre mois pour un soin qui peut être effectif assez rapidement»

Mercredi dernier, Dominique Pelicot était apparu brièvement à l’audience, visiblement très affaibli. «Soit Pelicot est là et on continue. S’il n’est pas là pour un, deux ou trois jours, on prolongera la suspension», avait d’abord dit le président avant d’ajouter : «Mais s’il est durablement indisponible, c’est le renvoi de l’affaire.» Une hypothèse qui n’a rien d’une évidence pour l’avocate du septuagénaire. Béatrice Zavarro «ne pense pas» que le procès sera reporté. «On a un diagnostic, il faut simplement le traiter. Si on fait les choses bien, ça peut être l’objet de 24, 48, 72 heures», estime-t-elle. «On ne va pas perdre quatre mois pour un soin qui peut être effectif assez rapidement», ajoute-t-elle. Rappelant que son client «depuis le début de cette information et depuis le début de son procès, a toujours dit qu’il voulait comparaître, il n’a jamais décidé de se dérober».

D’autant qu’un renvoi de ce dossier, très suivi en France et à l’étranger, provoquerait de nombreuses complications. «Il faut tout refixer, un agenda, la disponibilité de la salle, du tribunal, etc. Et quid de ceux qui sont en détention [c’est le cas de 18 des 51 coaccusés, ndlr] ? Parce qu’à ce moment-là, je peux supposer qu’il y aura des demandes de mise en liberté», avait assuré Béatrice Zavarro, la semaine dernière après l’annonce du président de la cour.

Prévu pour durer quatre mois, ce procès exceptionnel, où comparaissent des hommes âgés de 26 à 74 ans pour la plupart poursuivis pour viols aggravés, avait déjà pris du retard lors des deux premières semaines d’audience. Si la fille et les deux belles-filles de l’accusé principal, elles aussi victimes – leur père et beau-père les avaient notamment photographiées nues à leur insu –, ont déjà été entendues, ses deux fils n’ont pas pu prendre la parole. De même, Gisèle Pelicot, désormais ex-épouse de l’accusé, doit poursuivre sa déposition.

Si les débats reprenaient lundi, le président de la cour a indiqué que les enfants du couple seraient d’abord entendus, puis à nouveau Gisèle Pelicot. Viendrait ensuite le tour de Pierre P., le gendre du couple, et enfin de Joël Pelicot, le frère de l’accusé. Jusque-là, Dominique Pelicot a seulement dit laconiquement qu’il reconnaissait les faits à l’ouverture du procès.

«Toutes Gisèle»

Les faits visant Pelicot avaient éclaté au grand jour après que celui-ci a été interpellé en train de filmer sous les jupes de trois femmes, dans un centre commercial de Carpentras (Vaucluse). En fouillant dans son ordinateur, les enquêteurs avaient alors découvert une décennie de viols perpétrés sur sa femme Gisèle au domicile conjugal, situé à Mazan, des agressions sexuelles photographiées, filmées, minutieusement légendées et archivées par l’accusé.

Couvert par des médias du monde entier, devenu le symbole de la question des agressions commises sur des personnes victimes de soumission chimique, ce procès est aussi pris en exemple par les mouvements féministes pour relancer le débat sur la question du consentement. Gisèle Pelicot, qui a elle-même refusé que ce dossier soit jugé à huis clos, est devenue une figure de la lutte contre les violences sexuelles. Son visage stylisé a été brandi toute la journée de samedi par 10 000 personnes qui se sont rassemblées dans toute la France pour lui apporter leur soutien. «On est toutes Gisèle», «Violeur on te voit, victime on te croit», «Tu n’es pas seule», ont ainsi scandé les 3 500 personnes réunies à Paris.

Mise à jour : à 10h40, avec l’ajout de la suspension de l’audience jusqu’à mardi.