Une deuxième semaine de procès mouvementée. Depuis le 2 septembre, aux côtés de Dominique Pelicot, 49 hommes âgés de 26 à 74 ans sont jugés par la cour criminelle d’Avignon (un 51e, en fuite, est aussi renvoyé). La plupart sont poursuivis pour viols aggravés, des faits pour lesquels ils encourent vingt ans de réclusion criminelle. Mais l’état de santé du principal accusé, Dominique Pelicot, septuagénaire qui pendant dix ans a drogué sa femme Gisèle aux anxiolytiques, pour ensuite la violer et la faire violer par des dizaines d’hommes recrutés sur Internet, a chamboulé le calendrier. Malade, il n’a pas pu assister aux débats depuis lundi. Jeudi, le procès a été officiellement suspendu jusqu’au lundi 16 septembre, le président de la cour envisageant même un renvoi pur et simple de ce dossier si Dominique Pelicot était «durablement indisponible». Présent sur place quotidiennement, Libération a rendu compte de ce procès sans précédent.
Lundi 9 septembre : les avocats de la défense dénoncent «des comportements délictueux» à l’encontre des accusés
Les avocats de la défense se sont tous levés, une vague d’une vingtaine de robes noires, dominant d’un coup la cour criminelle départementale du Vaucluse. Seul l’un d’entre eux a pris la parole, lundi 9 septembre, au sixième jour du procès des viols de Mazan. Me Paul-Roger Gontard, qui représente deux personnes jugées, s’exprime avec gravité, au nom de tous ses confrères : «L’œuvre de justice c’est la garantie d’un procès équitable et de la présomption d’innocence.» Et de réitérer des inquiétudes déjà évoquées quant à la diffusion des noms des accusés et de plusieurs éléments de leurs vies privées sur les réseaux sociaux, «au mépris des règles les plus élémentaires de notre droit, socle de notre démocratie». Lire notre article.
Lundi 9 septembre : la «double facette» de Dominique Pelicot
Combien de Dominique Pelicot existe-t-il ? Il y a celui qui s’avance péniblement dans le box vitré de la cour criminelle départementale du Vaucluse. Il est l’accusé, le maillon central du dossier des viols de Mazan. Ce lundi 9 septembre, le septuagénaire a les traits tirés, sa peau rougie s’écoule comme la cire d’une bougie. «Mon client présente des difficultés médicales importantes», avertit en préambule son avocate, Béatrice Zavarro, évoquant «une infection urinaire» et un besoin impérieux de «soins». Sa personnalité sera donc examinée en son absence, devant les 49 autres accusés qui écoutent en silence. Une enquêtrice et trois experts, psychologues et psychiatres, ont tour à tour retracé son parcours et décrypté sa personnalité «en double facette», comme le résume la première d’entre eux, Marianne Douteau. «Un clivage s’est produit entre ce qu’il souhaitait être et ce qu’il est vraiment», a-t-elle insisté à plusieurs reprises. Lire notre article.
Mercredi 11 septembre : «J’attends de savoir pourquoi il a fait ça, c’est inconcevable»
Elle semble en avoir le souffle coupé. Comme si les mots butaient sur ses lèvres tant les faits sont, toujours, pour elle, impensables. Sonia s’est avancée mercredi à la barre de la cour criminelle départementale du Vaucluse, comme témoin. «Quand j’ai appris tout ça, je suis tombée de très haut, on a été anéantis. Pendant des années tout se passait bien, on se disputait jamais, rien ne pouvait me dire qu’il allait faire ça.» Sonia est la femme de Jean-Pierre M., l’un des 51 coaccusés. Dominique Pelicot a partagé son mode opératoire à d’autres hommes, fournissant même des comprimés à quatre d’entre eux, dont Jean-Pierre M.. Mais il est, selon les preuves retrouvées durant l’instruction, le seul à avoir reproduit ce même protocole de sédation, jusqu’à aller tester progressivement le dosage adéquat d’anxiolytiques sur sa femme. Lire notre article.
Jeudi 12 septembre : les médias étrangers en nombre pour couvrir «une histoire hors norme»
Aux côtés des journalistes français, une trentaine de chroniqueurs étrangers suivent les audiences à la cour criminelle d’Avignon. Interrogés par Libération, trois d’entre eux décrivent un procès «à l’ampleur inédite» et témoignent de l’intérêt pour l’affaire dans leurs pays respectifs. Lire notre article et notre revue de la presse internationale.
Tribune : «Etre en sécurité avant d’être mortes», mobilisation samedi dans toute la France en soutien aux victimes de violences sexistes et sexuelles
Des rassemblements en soutien à Gisèle Pelicot auront lieu ce samedi dans plusieurs villes, à l’initiative d’un collectif d’associations et de militantes féministes. «Face à la triste banalité du profil des hommes derrière les viols […], nous appelons les hommes à se soulever avec nous», écrivent notamment Camille Etienne, Giulia Foïs, Camille Kouchner, Yelle et Victoire Tuaillon dans une tribune publiée par Libération.