Il fallait faire «disparaître cet homme», se débarrasser des débris d’une vie catapultée. Au lendemain de ce 2 novembre 2020, lorsque les trois enfants du couple Pelicot, David, Caroline et Florian, découvrent que leur père a sédaté leur mère, Gisèle, durant neuf ans pour la violer et la faire violer par des inconnus, il s’agissait de faire le vide pour matérialiser ce «deuil» d’une violence inouïe, celui d’un père, d’une vie. En deux jours, ils «allègent» ce que David Pelicot, l’aîné de 50 ans de la fratrie, désigne comme «la maison de l’horreur», cette location de Mazan où la famille se réunissait régulièrement en vacances. «Nous n’avons plus aucune photo, album de famille, nous avons fait disparaître ses vêtements et ses tableaux», déroule-t-il à la cour départementale du Vaucluse.
Portrait
Le dos droit, la démarche assurée, le quinquagénaire s’est avancé en jetant un regard franc à celui qui a perdu à jamais son statut de père. «J’ai le sentiment aujourd’hui que toute mon enfance a disparu, elle a été comme effacée.» Mais les souvenirs, eux, ne se jettent pas, ne se brûlent pas. Au contraire, ils hantent. «Ses anniversaires surprises» dont ses parents avaient le secret, cette «complicité» avec son père, l