De son propre aveu, Adel Haddadi «ne pose pas de questions». Résultat, quand il part en Turquie, il se retrouve en Syrie ; quand il pense faire de l’humanitaire, il apprend à se servir d’une kalachnikov ; quand il devient cuisinier dans une maison de Raqqa, il est choisi par l’Etat islamique (EI ou Daech) pour une mission kamikaze en Europe. Stoppé en Grèce – tout comme son voisin de box Muhammad Usman –, il ne frappera pas la France avec ses autres compagnons de voyage, deux Irakiens qui se feront exploser au stade de France, le 13 novembre 2015.
Dans la salle d’audience, l’accusé, engoncé dans sa chemise à carreaux, lunettes carrées et crâne dégarni, distribue autant de mots que de brouillard. Adel Haddadi, 34 ans, c’est l’histoire d’un jeune Algérien qui galérait à coups de petits boulots – vendeur sur les marchés, serveur dans un restaurant, épandeur de produits antimoustiques, cuisinier dans un hôtel… – et rêvait de quitter son faubourg pauvre d’Alger parce que «c’est pas une vie», avant de se retrouver quelques mois plus tard – et à l’écouter, malgré lui – oiseau de la mort pour le compte de Daech.
Son parcours, qu’il déroule tantôt en arabe accompagné de son interprète, tantôt dans un français hésitant, semble davantage émaillé des décisio