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Témoignage

Procès du 13 Novembre: «Pour la première fois, je me suis senti protégé par l’Etat»

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Procès des attentats du 13 Novembre 2015dossier
Ismaël El Iraki, 39 ans, est cinéaste. Il était au Bataclan le soir des attentats, mais n’a pas souhaité témoigner à l’audience.
Le cinéaste franco-marocain Ismaël El Iraki, en novembre à Paris. (Marie Rouge/Libération)
publié le 27 juin 2022 à 7h23
(mis à jour le 28 juin 2022 à 23h45)

«Ne pas témoigner est un acte politique. Avant tout par souci de temps : on est 2 500 parties civiles et l’attention de la cour n’est pas infinie. Je suis cinéaste, je pense à ce que disait Buñuel : “Il ne faut jamais ennuyer le public.” J’aimerais que mon histoire soit unique : elle ne l’est pas. Je me suis senti incroyablement représenté dans les témoignages d’autres blessés psychologiques, de manière troublante, presque dérangeante. Témoigner, pour moi ç’aurait été prendre du temps à ceux qui pouvaient vraiment traverser le plexiglas et frapper les accusés au cœur : les blessés physiques, les endeuillés. Ceux qui ont perdu une jambe, un mari, une fille, ceux (c’est débile, je sais) que j’appellerai toujours les “vraies victimes”. Il n’y a pas de monstres. Ces mecs de l’autre côté de la glace, il ne faut pas les disqualifier, il faut les qualifier : pas des soldats mais des criminels. Pas des monstres mais des humains. Pour moi l’enjeu était de péter la glace : ces témoignages l’ont fait. Les mots des parents, des blessés étaient lumineux, éblouissants d’humanité, de classe, de noblesse. Ils ont pété le masque : même Abdeslam, à sa dernière déposition, il s’est fissuré. L’humanité a gagné.

«Moi,