C’est une douleur sur trois générations, une douleur chorale portée par les voix d’une mère, d’un père, d’une compagne ou d’un fils. Une polyphonie de larmes, de mots et d’anecdotes – «les tubes musicaux pourris», «les batailles d’oreiller» – autour de cette béance laissée en chacun par une même absence : celle de Nicolas, 43 ans, assassiné le 13 novembre 2015, par trois terroristes de l’Etat islamique, dans la salle de concert du Bataclan où 90 fans de musique ont péri et des centaines d’autres ont été blessés. Jeudi, devant la cour d’assises de Paris spécialement composée, les vivants brinquebalants et aimants ont raconté la façon dont «la grande famille recomposée de Nicolas», cette «bulle familiale» ravivée après sa mort, avait un peu apaisé et réparé leurs existences percutées.
Il y a d’abord eu Caroline, 37 ans, la dernière compagne. Le concert des Eagles of Death Metal, c’était «[leur] soirée». Quand Nicolas avait proposé à cette thésarde croulant sous le travail d’annuler, elle avait insisté. Dans son délicat chemisier noir à fleurs, Caroline décrit encore les «pétards» et, très vite, la mort de son amoureux, qui «blêmit et suffoque». «Je lui dis de s’accrocher, qu’on va s’en sortir», se souvient la jeune femme aux cheveux châtains tirés en arrière. Un cri aigu perce le silence de la salle d’audience. Des sanglots étouffés, ceux d’un frêle garçon sortant précipitamment. C’est Marius, 17 ans, un des trois fils de Nicolas. A la