Toutes les précautions ont été prises. Les parties civiles qui le souhaitent, venues nombreuses ce vendredi, sont invitées à sortir de la salle. Celles qui écoutent l’audience à distance, grâce à la webradio mise en place pour elles, à «prendre leurs dispositions». Un avocat de la partie civile se lève pour rappeler le numéro de téléphone de l’assistance psychologique. Au huitième jour du procès des attentats du 13 novembre 2015, Patrick Bourbotte, enquêteur de la brigade criminelle de Paris, nous emmène, par le son et l’image, dans l’atrocité du Bataclan. «Je tiens par avance à m’excuser si, çà ou là, transparaît de l’émotion dans mes propos, ce n’est normalement pas le registre d’un OPJ [officier de police judiciaire, ndlr]», prévient-il d’un ton fébrile. C’est lui qui a pris en main les recherches d’indices susceptibles de faire avancer l’enquête dans cette salle du XIe arrondissement, où 90 personnes ont été tuées lors d’un concert des Eagles of Death Metal.
Son équipe d’une cinquantaine d’hommes est arrivée au moment où ceux de la prestigieuse brigade de recherche et d’intervention (BRI), ayant mené l’assaut, repartaient. «J’ai un échange court avec l’un d’entre eux. Il a le visage marqué, me dit “bon courage, vous allez être dans l’horreur pendant des heures”.» Patrick Bourbotte entre dans la salle. «Nous marchons dans du sang coagulé. Au milieu de morceaux de dents, de téléphones qui sonnent. Et des corps, et des corps, et des corps.»