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A la barre

Procès du 13 Novembre: «Vous devez garder en mémoire que monsieur Abrini a renoncé»

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Procès des attentats du 13 Novembre 2015dossier
Alors que la séquence de plaidoiries de la défense touche à sa fin, les avocats de Mohamed Abrini, l’un des principaux accusés, se sont levés ce jeudi. Ils ont exhorté les magistrats de la cour d’assises spéciale à ne pas condamner à la réclusion criminelle à perpétuité celui qui «n’a jamais cessé de douter».
Maîtres Marie Violleau et Stanislas Eskenazi, avocats de Mohamed Abrini, à Paris le 30 novembre. (Marc Chaumeil/Libération)
publié le 23 juin 2022 à 20h02
(mis à jour le 23 juin 2022 à 20h03)

«Un homme épouvantable entre et se regarde dans la glace. Pourquoi vous regardez-vous au miroir, puisque vous ne pouvez vous y voir qu’avec déplaisir ?» Mohamed Abrini écrit souvent des petits mots à ses avocats – maîtres Marie Violleau et Stanislas Eskenazi – qu’il glisse dans les interstices du box vitré de la Cour d’assises spécialement composée de Paris. Sur l’un d’eux, il y avait les premiers vers de ce poème de Baudelaire (avec des fautes d’orthographe), évoque Me Violleau. «Mais l’homme épouvantable, ce n’est pas lui, poursuit-elle. Mohamed Abrini n’est pas un soldat de l’Etat islamique (EI), il est restaurateur le jour et cambrioleur la nuit. Mohamed Abrini est coupable, vous allez le punir. On peut respirer un peu. Mais vous n’oublierez pas, Mohamed Abrini n’a jamais cessé de douter.» Les deux avocats voudraient éviter à tout prix le fracas de l’enclume : la semaine dernière le ministère public a réclamé à l’encontre de leur client, la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une peine de vingt-deux ans de sûreté. Alors ils demandent aux magistrats professionnels d’envisager le «clair-obscur» de celui qu’on surnomme «l’homme au chapeau», qui est «accusé de complicité dans ce qu’on a connu de pire» et qui a renoncé à un projet terroriste.