Le procès du bombardement de Bouaké, au cours duquel neuf soldats français ont été tués en novembre 2004 en Côte-d’Ivoire, n’a toujours pas permis de dissiper les nombreuses zones d’ombre qui entourent cette affaire tentaculaire. Et notamment la principale d’entre elles : qui, au sein de l’Etat, a pris la décision de libérer les mercenaires biélorusses interpellés quelques jours plus tard au Togo, parmi lesquels se trouvait un des pilotes à l’origine de l’attaque meurtrière. Mauvaise transmission d’informations ou affaire d’Etat ? Depuis plus de quinze ans, à Paris, tout le monde semble se renvoyer la balle, entre l’Elysée, le ministère de la Défense, l’Intérieur et le Quai d’Orsay.
Embrouillamini
Un embrouillamini encore accentué par le début des auditions les plus attendues du procès, celle des anciens ministres en poste au moment des faits. Le premier a être entendu lundi, Michel Barnier, dirigeait à l’époque la diplomatie française. Costume et cravate bleus, chevelure blanche parfaitement peignée, ce dernier a d’abord tenu à souligner qu’il était «absolument légitime et normal que les familles souhaitent connaître la vérité». Mais pour aussitôt minorer son rôle dans la gestion de la crise ivoirienne. Dès son arrivée au ministère des Affaires étrangères, a-t-il expliqué, il se serait vu indiquer par Jacques Chirac, au sujet du pays dirigé par Laurent Gbagbo : «C’est une question qui concerne les militaires.» Autrement dit, le pays relevait du domaine réservé de l’Elysée. Ra